San-Antonio chez les Gones – Avis +/-

– Si vous ne trouvez pas que mon aventure ressemble à celles de Tintin, c’est que vous êtes douze milliards de fois plus truffe que je ne le supposais !

Grangognant-au-mont-d ’Or, petit village situé près de Lyon, bénéficie de la présence d’un nouvel instituteur (le dernier a été retrouvé égorgé).

Expert en belotte (« Comme le disait Pasteur : La belote est un plat qui se mange froid ») et en consommation de beaujolais, ce membre du corps enseignant prend en charge l’éducation d’une nouvelle génération de « gones » (« môme » dans l’argot lyonnais) :
– Où est-ce que le Guatemala prend sa source ?
– Au mont Gerbier-de-Jonc m’sieur ?
– Dix sur dix !

Les lecteurs qui se souviendront de leurs cours de géographie pourront être surpris. De plus, le massif et tonitruant instituteur enchaîne les déclarations philosophiques (« Faudrait voir à pas prendre le portrait du bonhomme pour une portion de Brie ! »), les menaces (en promettant une « infusion de rame de châtaignier ») et les dégustations de vins en plein cours. Les familiers de l’oeuvre de Frédéric Dard pourraient envisager une certaine ressemblance entre ce membre du corps enseignant et Bérurier, le fidèle adjoint du commissaire San-Antonio.

Au fait, où est passé ce dernier ? Oh, il s’est avisé de la présence d’une ravissante institutrice dans la salle d’à coté et a décidé d’aller assouvir un fantasme datant de l’école primaire. Hélas, les préliminaires étaient à peine engagés qu’un bruit retentit dans la salle de classe. L’institutrice expérimentée suppose qu’un gamin a lancé une pierre dans ce lieu du savoir. Cependant, un coup d’oeil du commissaire le renseigne sur la nature du projectile. Il s’agit en fait d’une grenade !

Boum !!! Faut-il en conclure que la méthode d’infiltration utilisée pour l’enquête n’a pas été suffisamment discrète ?

Cette adaptation d’une des 175 aventures du commissaire San-Antonio joue sur le pittoresque, respectant les dialogues de Frédéric Dard, mais y ajoutant quelques allusions visuelles comme Éric Zemmour en inspecteur de l’éducation nationale, Gérard Depardieu en pharmacien, et DSK en pleine partouze…

Datant de 1962, le roman a été quelque peu modernisé comme le prouvent la mention du vainqueur du tour de France en 1991 et la présence dans des mains malveillantes d’un mini-Uzi (cette arme, comme le savent tous les fans de Chuck Norris, étant apparue dans les années 80). Néanmoins, les téléphones à cadran sont toujours utilisés, ce qui procure à cet album un aspect intemporel.

Instructive sur l’oeuvre de Frédéric Dard, cette BD pourrait cependant interloquer certains membres du corps enseignant.

Au fait, c’est bien la Loire qui prend sa source au mont Gerbier-de-Jonc n’est-ce pas ?

Fiche technique

Format : album
Pages : 96
Scénario, Dessin & Couleurs : Michaël Sanlaville
Éditeur : Casterman
Sortie : 21 mars 2018
Prix : 16 €