Rainbow Warriors – Avis +


– Tu es la femme chasseuse.
Ce n’est pas une question, Pilar n’y répond pas. Darya trouve que l’expression décrit bien son ex-compagne et, curieusement, cela la détend. Peut-être que chasseuse est moins péjoratif que tueuse, peut-être parce que, à ce moment, dans cet endroit, il lui semble qu’une femme-chasseuse est porteuse d’espoir.

Ayant exprimé publiquement ce qu’il pensait de la Troisième Guerre du Golfe et de ces…(censurés) qui en avaient eu l’idée le général de division Geoff Tyler a été « invité » à faire valoir ses droits à la retraite.

Alors qu’il est en train de faire son jogging quotidien dans le cimetière militaire d’Arlington ce héros viril est invité à une réunion ultrasecrète impliquant des politiciens, des religieux, des geeks férus d’informatique et des célébrités peoples. Leur but ? Organiser un coup d’État dans la dictature africaine du Mambesi.

Leur objectif ? Déclencher en Afrique Noire un mouvement similaire à la Révolution arabe en espérant un mouvement de contagion démocratique. Mais pourquoi le Mambesi ? Il se trouve que cette dictature s’est montrée particulièrement répressive avec les minorités sexuelles : emprisonnement, viols, mutilations, assassinats.

De ce fait 10 000 volontaires particulièrement motivés sont disponibles pour combattre au Mambesi. Des volontaires particulièrement motivés ? Oui, des LGBT. LGBT ? Lesbian, Gay Bi et Trans. Non ? Si ! Mais qui va bien pouvoir commander cette armée de…(censurés) ? N’est-ce pas évident ? Oh Non ? Oh si.

Laissons le général (et hétéro) Tyler à ses préoccupations métaphysiques et intéressons-nous aux différents protagonistes. Car cette opération militaire se voit du point de vue des différents acteurs.

On y trouve un officier fasciné par un/une sniper des forces spéciales qui, malheureusement pour l’officier homosexuel, a renoncé à son statut d’homme pour devenir une femme après une « opération ».

Parmi les sous-officiers se trouve un sergent désabusé, amateur de femmes jusqu’à ce qu’une blessure de guerre l’empêche d’exprimer son hétérosexualité. Il est affecté à une section de gays intellos. Le gros problème c’est que le commandement de cette section de bras cassé s’est retrouvé sous l’autorité d’un sous-lieutenant qui possède de fortes compétences stratégiques obtenues grâce à la pratique des jeux vidéo.

En plus, cet « expert » en stratégie s’appelle Apollo (le pire c’est qu’il s’agit de son vrai nom). Ses amis gays ont surnommé le dénommé Apollo « 13 ». Le sergent n’a pas encore compris l’allusion, mais une chose est certaine cela ne fait pas référence aux capacités guerrières d’Apollo 13.

On trouve aussi un commando chargé de s’emparer d’un hélicoptère ultramoderne. Pour cela on lui a fourni un pilote qui fut un héros de la conquête spatiale. Le petit problème c’est que la dernière fois que cet ancien cosmonaute a piloté quelque chose son pays ne s’appelait pas la Russie, mais l’Union soviétique !

Quelqu’un se trouve dans une situation encore plus critique. Il s’agit d’un agent du MI6 chargé d’infiltrer « l’opération Rainbow« . Ses « collègues » des services secrets américains, russes, chinois, français et israéliens ont tous été démasqués (avec des conséquences parfois fatales). Il semble qu’il soit le dernier.

Jusqu’à présent il a réussi à dissimuler son statut d’espion et également son hétérosexualité. Cependant il est fasciné par Pilar, celle qu’il a identifiée comme étant responsable du contre-espionnage. Cette lesbienne ayant une grande expérience de la guérilla est redoutable. Il croyait être un tigre dans le combat de jungle, il réalise que face à elle il n’est qu’un chaton. Deux choses sont certaines : cette femme est merveilleuse et elle va bientôt le tuer.

Outre le pittoresque (les uniformes des « Rainbow Warriors » ont été dessinés par un styliste nommé Jean-Paul G.) on trouve de nombreuses références à la situation de pays africains : état répressif, menace de partition d’un pays en deux, néocolonialisme, pollution, destruction des moyens de combat aériens (hum).

Les gags alternent avec des situations cauchemardesques pour les combattants de l’arc-en-ciel comme pour la population locale. Transposant la situation de nombreuses dictatures dans un pays fictif, l’auteur de science-fiction y place l’intervention d’idéalistes des plus originaux. Cela pourrait réussir, mais les hasards de la guerre, l’infiltration et les intérêts des grandes puissances les placent dans des situations critiques.

L’idéalisme se heurte au mur de la réalité et paradoxalement celle-ci s’impose dans ce pays fictif. Il reste comme espoir l’utilisation optimale des talents individuels. Mais comme il faut être réaliste la diplomatie n’en fait pas partie.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 523
Editeur : Au Diable Vauvert
Sortie : 28 mars 2013
Prix : 20 €