Poupe – Avis +

Présentation de l’éditeur

On connaît le vers de Lamartine : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Le père du narrateur est mort. Il l’appelait Poupe. C’était un sacré bonhomme avec un sacré caractère. Une force de la nature. Un héros de western. Origine italienne. Il aimait, entre autres, les belles carrosseries, la bonne chair et les parties de tennis avec son fils, qui lui offre, dans ce roman, le plus beau des tombeaux : « Mon père si dur. Mon père si doux. Mon père, ce héros si dur au regard si doux. »

À la mort de Poupe, un monde s’écroule, va disparaître. Avec des mots serrés comme une gorge nouée, ce texte du souvenir mêle grande histoire et petites histoires intimes. On croise Céline et Alphonse Boudard, Louis Nucéra et Jean Daniel. La bande-son marie Charles Trenet, Verdi et Tino Rossi. Au cinéma : Rio Bravo. On voyage aussi, du Sud à la Normandie en passant par la capitale.

Cérésa s’adresse à tous. Il nous touche. Poupe, de son nuage, peut être fier de son fils. Le roman lu d’une traite, on pense aux mots d’Henri Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. »

Avis de Olivier

Quelle magnifique plume que voilà, elle est enlevée et dynamique, on ne s’ennuie à aucun moment. François Cérésa est un auteur que je ne connaissais que de nom, avec regret, car Poupe donne envie de découvrir ses nombreux autres ouvrages.

C’est une joie que découvrir cette belle langue, donc, mais on éprouve aussi un certain malaise. « J’en veux à la terre entière. Mes sentiments sont des ressentiments. Le chagrin me ronge. Qui m’a fait ce sale coup ?». Ce sentiment de mal-être, on le ressent… trop. Parfois, il s’agit d’une nostalgie lourde, des grossièretés inutiles ou des blasphèmes qui détonnent dans une écriture si soignée. Ben oui, mai 68 date un peu, mais faut-il absolument rester aveugle à la vie, belle et étrange, qui a tissé depuis d’autres chemins où l’on peut s’épanouir ?

En filigrane, Poupe est une méditation sur la vie, sur la mort. « Je n’avais pas conscience de la tragédie humaine. Passer si peu de temps sur terre me saute aux yeux… Le constat est là : les plus belles femmes, les plus grands héros, cinq jours après leur décès, se décomposent. Que restera-t-il ? Si j’étais Dieu, je ne serais pas fier. Le châtiment qu’Il nous inflige est inhumain. Il ne nous fait pas seulement mourir, Il nous fait pourrir.».

Le deuil connaît ses pointes de colère, de néant, d’absurdité… ce qui se comprend et est même généralement admis. Mais il manque ici la suite à cette phase du deuil… comment vivre malgré la disparition !

On a aimé le cheminement par association d’idées. Ainsi court la mémoire… « Certains éléments se chevauchent, se mélangent, s’enfoncent dans les mêmes illusions.», tout se mélange et c’est justement la richesse et la beauté des souvenirs.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 276
Editeur : Editions du Rocher
Collection : Littérature
Sortie : 1 septembre 2016
Prix : 18,90 €