Piste Sanglante : tome 2 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Ex-flic, Vicki Nelson a dû quitter la police de Toronto parce qu’elle perd la vue. Devenue détective privé, elle semble vouée aux enquêtes peu banales. Cette fois, c’est son ami Henry Fitzroy – bâtard de Henry VIII, ancien duc de Richmond et accessoirement vampire – qui lui demande d’aider ses amis, Rose Heerkens et son frère jumeau, membres d’une famille de loups-garous pacifiques. En effet, quelqu’un a découvert leur nature secrète et s’acharne à les abattre, avec des balles en argent. Bien sûr, pas question d’aller voir la police. Vicki est donc leur seul recours.

Avis de Marnie

Si Tanya Huff s’est essayée à écrire une série, en aucun cas, visiblement elle n’a souhaité rééditer la même histoire. Toronto, sous la pluie et de nuit, n’est plus. Bonjour, la campagne, ensoleillée et ludique ! Un des grands talents de cet auteur est de savoir changer de rythme au gré du paysage. Au final, ce second opus des aventures de Vicky Nelson se révèle meilleur que le précédent.

Nous n’avons plus à découvrir les personnages principaux. Comme toujours, c’est un atout. Le rythme s’en trouve accéléré, le récit nettement mieux maîtrisé, et des héros approfondis et charismatiques : Vicky est égale à elle-même, mais moins révoltée contre l’injustice du hasard. Au contraire, la fréquentation des deux hommes de sa vie lui apporte un certain équilibre. La jeune détective privé vit avec pour épée de Damoclès, la progression inéluctable de la maladie qui va la priver de sa vue. Pour elle, tout est ombre et lumière.

L’ombre, c’est Henry, le vampire, qui lui apporte ici une étrange affaire. Attiré par la jeune femme, il possède cette tristesse tragique de celui qui survit à tous ceux qu’il aime. Il traverse les siècles se retrouvant seul, pour lui, le jour étant définitivement tombé depuis 450 ans. Là encore, certains épisodes de sa vie nous sont relatés, apportant à ce jeune homme une profondeur et une compréhension qui font de lui un être non seulement attirant et séduisant, mais surtout très attachant.

Michael Celluci est l’autre facette de la vie de Vicky. Il est le lien avec son ancienne vie, lorsqu’elle était un policier qui menait une existence normale dans un monde où les vampires et autres démons n’existaient pas. Trop semblable à la jeune femme, en perpétuelle compétition avec elle, leurs relations personnelles et professionnelles n’avaient pas résisté devant l’épreuve de la maladie. Or, depuis les évènements étranges du roman précédent, incidents sur lesquels le jeune homme ne souhaite pas trop réfléchir, Mike et Vicky ont en quelque sorte renoué leur amitié amoureuse.

Dans cette atmosphère de chaleur réconfortante et de campagne verdoyante, de calme et de senteurs estivales, Vicky se laisse entraîner sans résister à la découverte d’autres créatures étonnantes : les loups-garous. Plongée au cœur d’une meute qui l’a engagée par l’intermédiaire de Henry, la jeune femme va devoir trouver quel est l’assassin qui tue ses membres les uns après les autres. Un des aspects les plus réjouissants du roman, est la description détaillée, aux péripéties incessantes, de ces êtres étranges. Le côté animal est nuancé d’une part grâce à leur humanité émouvante et d’autre part, par des pointes d’humour, le second degré étant omniprésent.

Parallèlement, l’évolution de Vicky est passionnante. Au fur et à mesure qu’elle perd la vue, la jeune femme pénètre dans un univers ou les monstres et créatures mythiques existent. Son attirance pour Henry est plus charnelle, sa compréhension des êtres qui ne sont pas humains, l’entraîne vers un monde ou tout n’est plus blanc ni noir comme lorsqu’elle était policier, mais gris et nuancé. Comme pour la première intrigue, l’aspect thriller est assez faible. Nous devinons en trois minutes (ou on nous le révèle comme si cela n’avait pas d’importance) l’identité du méchant avec la motivation dans la même foulée. Mais, cela n’a aucune importance, le lecteur étant emporté, non par l’histoire, mais par les personnages et leurs difficultés à vivre dans un monde ou ils doivent cacher leurs différences.

Une très sympathique et humoristique leçon de tolérance. En route pour le troisième opus !

Avis de Domino

Quand on découvre un nouvel auteur ou une nouvelle série, passé le ravissement de la nouveauté, le lecteur balance entre l’impatience d’avoir entre les mains un second volume et/ou la suite et la crainte que cela ne soit pas à la hauteur de ses espérances. Soyons clair, qui n’a pas été déçu par le second livre d’un auteur fraîchement découvert ou par celui d’une suite ? C’est donc avec une certaine appréhension qu’on aborde la lecture du second opus des aventure de Vicki. Va t-on retrouver l’enchantement qui nous avait séduit, l’auteur va-t-il « assurer » en se recopiant ou bien va-t-il prendre le risque d’écrire autre chose, au risque de décevoir son public ?

Disons-le d’emblée, Piste Sanglante est une véritable réussite ! En effet, les nouvelles aventures de Vicki Nelson, évitent le piège de la redite et Tanya Huff nous offre une authentique suite. En effet, au lieu de projeter son héroïne dans une nouvelle aventure urbaine dans une ambiance crépusculaire, l’auteur choisit délibérément le contre-pied en plaçant le coeur de son intrigue à la campagne, en plein été, la majeure partie de l’action se déroulant en plein jour ! Le corollaire de ce choix est que les apparitions de Henry Fitzroy, vampire de son état, sont, hélas, peu nombreuses mais en compensation, l’auteur nous offre une famille de loups-garous particulièrement réussie.

Lorsque le roman débute plusieurs mois ont passé depuis la précédente aventure et Vicki a changé. Elle n’est plus la femme en colère, qui souffrait d’avoir été obligée de quitter la police, d’être devenue une « civile ». Alors que la maladie évolue inexorablement, la conduisant à la cécité, Vicki accepte son état ; certes elle peste, râle mais accepte d’en parler et surtout d’évoquer tout ce qu’elle n’est plus capable de faire. Une certaine impression de sérénité se dégage qui n’existait pas dans le premier épisode. Elle ne se bat plus contre sa maladie, elle vit avec, tout comme elle a fait le deuil de son ancien métier.

C’est donc à une Vicki apaisée que nous avons à faire mais par ailleurs toujours aussi tonique et affligée d’un fichu caractère ! C’est aussi une femme suffisamment à l’aise avec elle-même pour mener de front, sans complexe ni remords, deux histoires d’amour. Elle a renoué avec son ex, l’inspecteur Celluci et entame avec une pure délectation une liaison avec Henry. Cela génère des situations hautement comiques qui mettent en valeur l’humour et de Vicki et de Tanya Huff. On perçoit nettement la jubilation de l’auteur à écrire certaines scènes et le roman est truffé de situations cocasses qui viennent faire harmonieusement contre-point à certaines assez dures.

Cependant, l’aspect le plus intéressant du roman réside sans aucun doute dans la famille des loups-garous. Chaque auteur a sa vision de ces mondes parallèles et celle de Tanya Huff est particulièrement réjouissante. L’auteur décrit une famille où « vitalité » semble être le maître mot ; le roman est comme balayé par un souffle de joie et de vie, et cela malgré les évènements dramatiques auxquels la famille se trouve confrontée, comme si la seule chose qui comptait était d’être là, vivant dans le moment présent.

Mais au delà, de l’intrigue policière, de l’évolution de Vicki et de ses amours ce roman est avant tout une célébration de la vie, un hymne à la différence, un éloge du non-conformisme…

Amoureux de la vie, précipitez-vous et dévorez sans plus attendre ce roman !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 312
Editeur : J’ai Lu
Collection : Mondes mystérieux
Sortie : 2 mai 2007
Prix : 6,50 €