Phantom Thread – Avis +

Présentation officielle

Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa soeur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock.

Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.

Avis de Valérie

La précision dépeinte du quotidien d’un couturier anglais par le réalisateur nous plonge immédiatement au sein d’une grande Maison qui fait le beau temps parmi les nobles et les célèbres. Le talent de Reynolds Woodcock n’est plus à démontrer. Sa sœur veille sur lui en gérant tous les aspects annexes, comme ceux plus privés et personnels, afin que Reynolds puisse se dédier entièrement à la création.

Rendu fantasque par son exigence, il semble qu’il soit impossible à une femme amoureuse de rester à ses côtés. Qui peut accepter d’être relégué à la dernière place, en permanence ? Un jour, Reynolds rencontre une jeune femme visiblement d’origine étrangère, qui le séduit par sa vitalité rayonnante.

Commence alors une relation bien plus artistique que charnelle, mais la simplicité de coeur de Alma lui permet de supporter les habitudes de vieux garçon du génie et sa candeur la fait aimer de tous, même de Cyril, la dragon de soeur du Britannique. Jusqu’au jour où l’empressement de sa nouvelle muse commence à irriter Reynolds.

Malgré une histoire paraissant simple, le scénario brode une intrigue bien plus fine qu’on pouvait le penser. Basée sur le profil de l’Espagnol Balenciaga, l’histoire nous emmène sur une déclinaison de relations vénéneuses qui s’expliquent en partie par l’exigence de l’art. Alma oscille entre affection et fascination, et pour s’assurer que son amour soit payé en retour, elle va faire des choix surprenants.

Il est évident que c’est un rôle taillé sur-mesure pour Daniel Day-Lewis. Il est si excellent qu’on n’arrive plus à l’imaginer autrement que dans l’incarnation de ce génial créateur. Mais ce qui rend la magie tangible c’est le contrepoids tout en force étudiée de Cyril interprétée par Lesley Manville et par la révélation de ce long-métrage, Vicky Krieps. Son charme déchire la pellicule plus sûrement qu’une beauté froide classique, et malgré des manières simples, elle donne une élégance chaleureuse à son personnage.

C’est un film un peu atypique, dont on ne sait où Paul Thomas Anderson veut nous emmener. D’ailleurs, le spectateur est tellement sous le coup de la beauté des images, qu’il suit le metteur en scène comme consentant et subjugué jusqu’à la fin.

Comme l’art, c’est une histoire dispensable, mais parce qu’elle existe, elle donne du sel à tout ce qu’on a vu avant. Elle laisse un goût étrange derrière elle, qui nous évoque l’amour, la trahison et le sublime.

Fiche Technique

Sortie : 14 février 2018

Durée : 131 minutes

Avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville…

Genre : drame