Résumé
Vicki Nelson vient de perdre sa mère, qui est décédée des suites d’une maladie. Profondément abattue, elle n’en oublie pas moins son travail et enquête sur une affaire de zombies déambulant près de l’université où travaillait sa mère. Mais lorsqu’elle découvre avec stupéfaction que le corps de sa mère ne repose pas en paix, elle traque les coupables sans relâche. Toujours assistée de ses 2 amants, Henry Fitzroy, vampire et écrivain de romance, et Mike Celluci, flic et ancien de collègue, elle avance à nouveau sur un chemin dangereux et surréaliste, qui pourrait la mener à sa perte.
Avis de Marnie
Le second degré omniprésent dans Frontière sanglante, la troisième aventure du détective privé canadien, Vicki Nelson, ne nous avait pas du tout amené à vivre une telle rupture de ton dès le deuxième chapitre du roman. Nous avions laissé notre héroïne, partageant équitablement son temps entre ses deux amants, le jour le policier Michael Cellucci et la nuit, le vampire Henry Fitzroy, bâtard du roi Henry VIII et écrivain de romans « roses ».
Si le premier chapitre nous amène à penser qu’il s’agit d’un fragile status quo, les deux hommes acceptant plus que difficilement la présence d’un rival alors que Vicki refuse de considérer cela comme un problème, le malheur va soudain faire irruption dans la vie de la jeune femme. Parallèlement, à la perte d’un être cher, Vicki va être confrontée à des morts vivants.
Cette série est franchement singulière. Avant dernier tome d’une série qui comptera seulement cinq aventures, à travers chaque thème abordé, la jeune femme apprend à mieux se connaître et surtout évolue dans sa façon d’appréhender les autres. Aime-t-elle de la même façon les deux hommes de sa vie ? D’où vient sa peur de s’engager ? Que cache son agressivité, son besoin d’affrontements ? Le final totalement inattendu influera de façon irrémédiable sur sa façon de considérer le monde qui l’entoure.
Mais ce qui est encore plus intéressant dans ce roman, c’est la façon dont Tanya Huff s’attache à nous montrer toutes les facettes complexes et évolutives des deux hommes. Michael Cellucci, qui dans le premier tome, avait tout du mâle alpha “entier”, violent, fonceur et quelque peu obtus, se transforme peu à peu à mesure qu’il perçoit le monde différemment, ainsi si le démon l’avait épouvanté, la rencontre avec les loups-garous, puis avec la momie, l’avaient entraîné vers un monde qui n’est plus ou tout noir ou tout blanc, mais nuancé de gris. L’amour qu’il éprouve maintenant ouvertement pour Vicki et dont il a pris conscience, l’encourage à se poser des questions sur le bien, le mal, ce qui est permis ou qui ne l’est pas… et sur ce qu’il est capable de sacrifier pour le bonheur de la femme qu’il aime ou pour lui-même.
D’une certaine façon, Henry fait la même démarche de son côté, tempérée par ses propres traumatismes et la conscience omniprésente de son immortalité, son amour pour Vicki ne peut être alors que momentané. De plus, il doit dominer la faim, « la bête » qui sommeille en lui… alors que des souvenirs des tragédies humaines le hantent. A cela s’ajoute, une sorte de fascination mutuelle de plus en plus perceptible entre Michael et Henry, qui contribue à rendre la situation plus complexe mais aussi surtout captivante !
Les relations se tendent et s’entremêlent, alors que l’intrigue macabre (la plus réussie des quatre romans) se déroule dans une atmosphère oppressante. L’humour présent dans les précédentes aventures n’est plus de mise ici, remplacé par une émotion sourde, faite d’occasions manquées, de non dits et de ressenti mal défini. Même si cette histoire pourrait en fait se conclure ici, vivement la parution du cinquième tome en français, écrit par Tanya Huff quatre ans plus tard, et qui nous l’espérons tiendra toutes ses promesses !
Avis d’Enora
Alors là, bravo ! Avec ce quatrième tome, Tanya Huff réussit à redonner du sang neuf (je sais, c’est mauvais !) à son trio infernal qui, il faut bien l’avouer, commençait à donner des signes d’essoufflement. Tout concourt à rendre ce roman passionnant et surtout l’évolution des rapports entre ses personnages principaux. D’abord Mike et Henry se rebellent, ils n’apprécient plus que Vicky gère sa sexualité comme un mec. C’est vrai ça, c’est le monde à l’envers ! Ce sont eux qui sont amoureux et elle qui jouit d’avoir deux hommes en alternance dans son lit ! Qu’ils aient quarante ou quatre cents ans, c’est fou comme les hommes se ressemblent dans ces cas là…
C’est aussi l’occasion de découvrir un peu plus notre héroïne, de relier sa peur de l’abandon, de l’engagement et sa méfiance envers toute forme de relation amoureuse avec son enfance. Mike se révèle alors surprenant, l’amour qu’il porte à Vicky lui donne une espèce de sixième sens. Il va l’aider à analyser ses sentiments et essayer de la convaincre qu’aimer quelqu’un n’est pas un fardeau qui vous rend responsable de l’autre.
Vicky change, elle qui a passé deux ans à faire respecter les lois, commence à découvrir au contact d’Henry, qu’il est plus facile et plus satisfaisant d’obtenir la justice en dehors de la loi. De plus la mort de sa mère la fragilise, laisse remonter son passé.
La relation entre Mike et Henry évolue, leur amour commun pour la jeune femme les rapproche. A son insu Mike se met à respecter et apprécier le vampire qui son coté reconnaît les qualités du policier. Il y a même un coté assez trouble dans leur relation, une espèce d’attirance, répulsion de la part de Mike et une envie de séduction chez Henry qui est éminemment érotique (ça n’engage que moi !).
Et l’intrigue me direz-vous ? A mon avis ça n’a jamais été le point fort des romans de Tanya Huff, mais on s’en moque, elle ne sert de trame que pour mieux explorer ses personnages.
Le coup de théâtre final est un coup de maître (même s’il n’est pas sans rappelé Laurell K Hamilton) qui nous rend impatient de découvrir le cinquième et dernier tome de cette série, Blood debt, dont le seul titre laisse entrevoir une foule de possibilités… En conclusion, un quatrième tome aussi bon que le second, Piste sanglante et qui relance complètement l’histoire !
Avis de Francesca
Ce quatrième tome des aventures de Vicki Nelson confirme tout le bien qu’on pense de cette série, la qualité et l’intérêt s’améliorant au fur et à mesure de la publication des tomes. Que de chemin parcouru par cette détective malvoyante depuis le début et la faiblesse du tome 1 ! Maintenant que toutes les présentations ont été faites et que le décor est bien planté, l’histoire démarre sur les chapeaux de roue. L’auteur réussit à chaque fois à diversifier les intrigues et à ancrer chacune dans un contexte bien différent mais toujours empreint de fantastique et de bizarreries en tous genres. Après les vampires, les loups-garous et les momies, voici venu le tour des zombies, véritables morts-vivants soumis à des expériences effectuées par une équipe de chercheur aussi illuminés qu’intelligents et redoutables.
L’intrigue est forte plaisante car le schéma n’est pas habituel. On sait d’avance les coupables, les motivations de ceux-ci et les procédés immoraux qu’ils utilisent, mais c’est pour mieux nous plonger dans l’horreur de la situation, le glauque de leurs expériences et le spectaculaire de l’histoire. La folie de ces imitateurs du Docteur Frankestein monte en grade et l’on est fasciné par ces esprits malades convaincus d’agir pour la bonne cause. Tanya Huff franchit de plus en plus vite les limites de la bienséance en nous offrant des situations toujours plus étranges, plus malséantes et plus dérangeantes pour le lecteur qui en demande néanmoins toujours plus dans le sensationnel. Avec les livres de Tanya Huff, il est servi !
La relation triangulaire, complexe et ambigüe évolue également entre Vicki, Mike et Henry, les deux hommes étant las de l’hésitation de la jeune femme et de son indécision à choisir entre eux. Les confrontations s’enchainent et le lecteur suit avec passion les péripéties auxquelles sont confrontés ces personnages qui forment malgré tout un clan bien soudé. Mais tout se précipite jusqu’à un ultime évènement inattendu et ahurissant qui remet tout en question. Plus rien ne sera jamais comme avant et c’est tant mieux car l’auteur nous offre à chaque histoire un renouveau qui n’est pas pour déplaire. A quand le prochain et dernier tome de la série ?
Fiche technique
Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai Lu
Collection : Mondes mystérieux
Sortie : 2 novembre 2007
Prix : 6,50€