Les yeux bandés – Avis +

Présentation de l’éditeur

Iris accepte de susurrer la description minutieuse d’une paire de gants blancs pour soixante dollars. Iris pose pour un photographe talentueux qui l’attire et l’inquiète à la fois. Iris croise le chemin de l’inquiétante et catatonique Mrs O. Enfin, Iris devient Klaus pour transgresser les apparences et s’éprouver entièrement. Une voix, quatre rencontres, pour questionner jusqu’au vertige la notion d’identité.

Avis d’Artémis

Les yeux bandés, de Siri Hustvedt, est un roman original, fascinant et dérangeant. Original dans sa construction, tout d’abord : en effet, il est composé de quatre parties qui peuvent être lues de manière indépendante, telles quatre nouvelles. C’est la fin de la dernière partie qui unit ces différents morceaux de vie, leur donnant ainsi une nouvelle lumière et un autre niveau de lecture.

Chacune des parties du roman traite de l’identité et de la quête d’identité à travers des expériences qui sont souvent poussées à leur extrême. Un autre sujet central du livre est celui de la rencontre, la rencontre d’Iris – étudiante américaine que nous suivons à travers des périodes de sa vie – avec des personnalités qui vont la marquer, la perturber, la faire douter.

Tout d’abord c’est une Iris doctorante que nous connaissons, qui recherche un travail alimentaire… Enchaînant les petits boulots, elle répond à une annonce qui la met sur le chemin d’un Mr Morning (un nom de plume, parmi bien d’autres), homme fort étrange qui lui demande d’enregistrer, en chuchotant, des descriptions très précises d’objets, chacun dans une boîte, ayant appartenu à une jeune femme décédée.

Pour lui, il s’agit de « sonder l’essence même du monde inanimé. On pourrait dire qu’il s’agit d’une anthropologie du présent ». Mais Iris pourra-t-elle résister à la curiosité d’en savoir plus et supportera-t-elle cette atmosphère lourde et étrange ?

Dans la deuxième partie, nous revenons en arrière pour rencontrer le couple formé par Iris et Stephen et leur relation chaotique et complexe. Là encore, la question de la rencontre et de l’identité est bien présente : Stephen et son ami photographe Georges vont complètement chambouler Iris, l’élément déclencheur étant une photographie d’Iris réalisée par Georges. Après les objets en boîte, un objet vient aussi jouer l’élément perturbateur, par tout ce qu’il représente et le contexte dans lequel il existe.

Le malaise d’Iris, qui souffre de migraines terribles, semble atteindre un pic dans la troisième histoire, car l’héroïne est alors hospitalisée, aux côtés de Mrs M. et de l’amnésique Mrs O. Mais au lieu de l’aider, Iris s’enfonce… « Mes sens avaient une étrange acuité pendant cette période. Je ne me sentais pas toujours capable d’ouvrir les yeux à la lumière crue des tubes fluorescents, mais quand j’y arrivais, je discernais le contenu de la chambre avec une netteté remarquable. Chaque bruit dans la salle me transperçait de sa vibration ; mes nerfs résonnaient comme un diapason. »

La dernière partie débute avec la rencontre d’Iris avec Mr Rose, professeur dispensant le séminaire sur « Hegel, Marx et le roman du XIXe siècle », dont les cours lui donnent envie d’apprendre, de découvrir, et de lire encore plus. Elle commence à travailler avec lui et particulièrement sur une traduction d’un texte allemand qui à nouveau va être déterminée et déstabilisante pour Iris.

Le jeune héros de cette histoire, Klaus, va commencer à lui coller à la peau, assez littéralement… Le manque de ressources financières va achever de précipiter Iris dans des comportements de plus en plus déviants la mettant en danger.

En conclusion, c’est un roman assez fascinant mais dérangeant. L’écriture est exigeante, précise et traduit extrêmement bien la confusion des émotions par lesquelles passe Iris.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 240
Editeur : J’ai Lu
Collection : Roman
Sortie : 15 mars 2013
Prix : 6,70 €