Les secrets de Londres – Avis +

Présentation de l’éditeur

Quels douloureux remords peuvent bien pousser une jeune femme à sauter du pont de Blackfriars pour espérer trouver, dans ces eaux froides, un semblant de pardon ? Sauvée in extremis, Nathalie Meadows, principale suspecte dans l’affaire du meurtre de la célèbre chanteuse de music-hall Ellen Warwick, se voit pourtant offrir une seconde chance.

Forte d’une nouvelle identité, elle décide de tout mettre en œuvre pour découvrir le véritable assassin de son amie. Commence alors un dangereux voyage à travers les rues sombres et poussiéreuses du Londres victorien. Des bordels de Whitechapel en passant par les maisons bourgeoises de Manchester Square et les échoppes mal famées de Seven Dials, la ville n’a pas fini de révéler ses secrets…

Avis de Marnie

Si la trilogie dont le héros est l’inspecteur Webb se concluait sur une note un peu plus sombre, Lee Jackson utilisait un ton gouailleur, très original, pour dépeindre, son écriture ressemblant à des peintures impressionnistes, par petites touches précises se juxtaposant aux multiples couleurs, des portraits de toute la société victorienne, personnages stéréotypés et pourtant si nuancés avec pour toile de fond la révolution industrielle qui balaye tout sur son passage, avec cruauté et indifférence…

Plutôt que de reprendre l’inspecteur Webb pour mener l’enquête, ici, c’est une jeune femme dont on ne saura jamais le passé, qui décide de venger et de trouver l’assassin de son amie, alors que la police, avec toute son impuissance, ses inaptitudes et son peu de moyens, ne représentera qu’un simple témoin de plus… A force de nous montrer l’aristocratie londonienne de la société victorienne, les romans nous offrent une image plus que faussée de la réalité des femmes de cette époque. La gente féminine à cette époque ne se résume pas à une classe sociale où sont emprisonnées des jeunes filles destinées à être mères et épouses dans des cages dorées. Natalie Meadows (ou quelque soit son nom) poursuit sa vie ou ses vies en un éternel recommencement, forte de ses capacités, de son intelligence, utilisant toutes ses ressources avec un seul but : s’en sortir. Ni amorale, ni ambitieuse, cette héroïne est mieux que cela, elle survit, quoi qu’il arrive, avec une volonté incroyable.

Lorsque l’histoire est racontée à la première personne, le récit des évènements n’est que le reflet de la pensée de Natalie. Il est entrecoupé de petites scènes où surgissent pleins de personnages qui constituent toutes les classes sociales de Londres, de la prostituée à la tenancière de bar, du filou au boutiquier, en passant par le religieux et le politicien, formant un groupe hétéroclite, passionnant, peuplant, grouillant dans tous les quartiers populaires de la capitale de ce qui est à l’époque la première puissance mondiale. Les scènes cocasses ou tragiques se succèdent, ponctuées d’un langage pittoresque, où chaque personnage cherche à tirer son épingle d’un jeu qui le dépasse !

Infiniment plus attachant que ses précédents romans, peut-être est-ce le personnage central bien plus impliqué émotionnellement qui donne cette impression, cette histoire dont les rebondissements nous tiennent en haleine, se révèle plus profonde, plus noire et plus captivante que les autres œuvres traduites de Lee Jackson, avec une note d’optimisme bienvenue. Il n’est pas étonnant que ce « polar victorien » ait été nommé pour l’Ellis Peters Historical Dagger Award en 2003. En effet, Lee Jackson réussit cette fois-ci à mêler non seulement l’étude sociale dans laquelle il excelle, mais aussi les sentiments en créant un personnage auquel nous nous identifions.

Une excellente surprise !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 280
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 4 septembre 2008
Prix : 7,40 €