Les médiocres – Avis +

Présentation de l’éditeur

Deux hommes, deux destins, une histoire.

D’un côté, le capitaine Verjat, le flic. De l’autre, Valère, le fugitif. Un tueur froid et déterminé. Il n’a aucun regret pour ses victimes. Des notables qui gravitent dans le monde des tribunaux de commerce. L’assassin se fond dans la foule. Insoupçonnable. Insaisissable.

Son audace le fait échapper aux clichés habituels. Valère n’existe pas dans les fichiers. Un fantôme ! Son arme n’est pas répertoriée. Verjat a beau faire, le traqué lui glisse entre les doigts.

En fait, les deux hommes sont très proches. Ils ont presque le même profil. Pourtant…

Les médias arbitrent leur face à face. Pour les uns, Valère est un truand romantique. Son désespoir résulterait de la faillite du système. Pour les autres, c’est un prédateur. Un fou furieux qui sape la société. Il est donc naturel de le retirer de la circulation.

Une chose est sûre : cette affaire éclabousse chacun d’entre nous, quel que soit notre camp.

Avis d’Enora

Sous couvert d’une intrigue policière, Valery G. Coquant nous livre une analyse fine, réaliste et un brin cynique de notre société. Son héros, Valère, résonne en chacun de nous. Son père a fait faillite après avoir ouvert une librairie à son compte. Mort dans un accident très peu de temps après, il laisse une veuve timorée et un fils brillant qui va se lancer dans des affaires immobilières. Malheureusement avec la crise, Valère va être, à son tour, obligé de déposer le bilan de sa société et commence pour lui l’enchainement inéluctable vers le fond.

En cherchant à en connaitre un peu plus sur son père, Valère va s’apercevoir que l’un comme l’autre auraient pu s’en sortir sans l’acharnement des charognards qui profitent de ces faillites. Puisque le système est pourri, les valeurs dans lesquelles Valère a été élevé n’ont plus lieu d’être. Les dés sont pipés ? Ok ! Il va donc prendre les médiocres à leur propre jeu. Venger la mort de son père. Venger la perte de ses idéaux. Et c’est le moment où pour lui tout bascule…

Ce qui arrive à Valère, pourrait arriver à chacun d’entre nous dans le monde où nous vivons : riche un jour, SDF le lendemain. Les freins sont nombreux dans ce pays pour ceux qui tentent leur chance et malgré le beau nom de démocratie, tout le monde n’a pas les mêmes cartes en main. C’est peut-être pourquoi, Verjat, le flic, se sent tellement proche de l’homme qu’il traque.

Le sang appelle le sang et ceux que Valère tue sont tous tellement pourris. Bien sûr c’est pour éviter la vengeance qu’on a inventé la justice mais que reste-t-il quand la justice est au service des puissants et des magouilles en tous genres? Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir disait déjà au XVIIe siècle, Jean de La Fontaine. Le lecteur finit par être tellement en empathie avec le personnage principal qu’il en oublierait presque que c’est un assassin !

Formidable roman que ces Médiocres ! Superbement écrit, avec un rythme enlevé et des personnages finement analysés. Valery G. Coquant dénonce avec force les ravages des magouilles financières mais aussi les lâchetés et le conformisme d’une société qu’il dissèque en observateur attentif et un rien cynique. L’humour, qui touche parfois à celui d’un Beckett, lui permet de mettre de la distance par rapport à la gravité de ce qu’il rapporte.

Autopsie implacable de notre société, Les médiocres est un roman policier rapide, enlevé, plein de suspense, à l’humour désenchanté et aux personnages disséqués avec beaucoup de précision.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 177
Editeur : Saint Martin
Sortie : 15 février 2010
Prix : 18 €