Les dieux dévoreurs – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

En cette année 1160, l’Etna gronde et un tremblement de terre ébranle la Sicile d’est en ouest. Alors que s’élabore un traité avec le doge de Venise, ces soubresauts de la nature seraient-ils les signes annonciateurs des bouleversements à venir ?

Car l’on conspire à Palerme et c’est à la vie du trop puissant chancelier du roi Guillaume 1er que l’on en veut. Pris dans les mailles du jeu politique complexe du royaume normand, pour la première fois de leur existence, Tancrède d’Anaor et son maître Hugues de Tarse se retrouvent face à face. Hugues, dont l’amour qu’il partage avec Eleonor, son épouse, est mis à rude épreuve, est accusé de crime contre l’État. Et c’est un nouveau pan de la prophétie dont les termes jalonnent le destin du jeune Tancrède qui se joue…

Avis d’Enora

Petit rappel historico-politique :

En 1155, lorsque débutent les aventures de Tancrède, le duché de Normandie est dirigé par Henri II Plantagenêt et son épouse la reine Aliénor d’Aquitaine.

Des aventuriers normands sont aussi partis chercher fortune vers les horizons méditerranéens, en Italie du Sud et en Sicile. Cette dernière est conquise au début du XIe siècle par la dynastie des Hauteville.

En 1130, Roger II, en politique habile et obstiné, deviendra roi de Sicile, de Calabre et de Pouille. Une période de faste, de prospérité économique et culturelle débute alors. Roger est un roi raffiné et un grand admirateur de la culture arabe.

L’administration de son royaume est cosmopolite, on y rencontre Grecs, Juifs, Lombards, Normands et Arabes. Mais, en 1154, Roger II vient à mourir. Guillaume Ier dit «Le Mauvais » lui succède. On admire sa force prodigieuse et son courage au combat mais on dénonce sa cruauté, sa paresse et aussi son goût immodéré pour les plaisirs de la chair.

Dans ce sixième opus le mécontentement gronde en Sicile. La conspiration s’étend comme la lèpre cherchant à atteindre Guillaume 1er par l’assassinat de son chancelier. Buccellato, un ancien officier qui n’a pas hésité à se salir les mains pour gravir les échelons du pouvoir, va profiter du contexte pour faire payer à Hugues de Tarse, sa position privilégiée. Pour arriver à ses fins, cet homme corrompu ne recule devant rien, ni un meurtre, ni même des médisances sur la vertu d’Eléonor, l’épouse du Gréco-Syrien. Tancrède, fils naturel de Roger, Duc de Pouille, n’hésite pas alors, à mettre de coté ses ambitions pour défendre son maitre et ami.

Ce roman n’est pas le meilleur de la série qui donne quelques signes d’essoufflement. Avec toujours autant de détails historiques, Viviane Moore nous décrit le climat politique houleux de la Sicile en cette fin de XIIe siècle. Mais dans cette période troublée et complexe, on a un peu l’impression de perdre nos deux héros. Il est vrai que dans ce genre de fiction historique, plus les personnages imaginés sont près de personnages ayant vraiment existé, plus la marge de manœuvre est restreinte. Mais la relation qui les attache l’un à l’autre et l’introspection de chacun qui faisait le plus de cette série au début, ont peu à peu fait place à de l’action mâtinée de quelques réflexions survolées et c’est dommage.

Ceci étant dit, nous attendons la suite avec impatience, car ce tome semble être un épisode de transition dans la série puisque à la fin, Tancrède part à Antioche et Hugues sûrement à Venise. La mystérieuse prophétie va-t-elle se réaliser? Tancrède sera-t-il mendiant à Antioche ? « Vous irez loin, fort loin, messire Tancrède. Par terre et par mer, vers des pays où l’on parle d’autres langues que la nôtre, où l’or et l’argent tapissent les murs, où les femmes sont si belles qu’on les enferme, vous serez prince parmi les princes, et mendiant aussi… »

Fiche technique

Format : poche
Pages : 317
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sorie : 3 décembre 2009
Prix : 7 €