Un journaliste parisien, venu sur un coup de tête s’installer dans une ville de province, amoureux de deux femmes, se retrouve, par la suite de circonstances pour le moins rocambolesques, rédacteur en chef d’un journal de droite le matin et d’un canard d’extrême-gauche l’après-midi.
Avis de Marnie
Beaucoup n’avaient jamais entendu parler de cette pièce qui n’était plus jouée depuis… 1913 ! Plus de deux heures de portes qui claquent, de maris et d’épouses trompés, de quiproquos énormes et de personnages stéréotypés qui ne se montrent pas toujours à leur avantage… Une comédie de moeurs ? Du théâtre de boulevard ? On se croirait devant une pièce de Feydeau et de Labiche, avec tout l’aspect outrancier que cela comporte. Mais voilà, il s’agit de Tristan Bernard, ce qui signifie
S’il nous faut peut-être le temps de la première scène pour entrer dans la pièce, l’intelligence de nous raconter un prologue auquel nous n’avons pas assisté, puisque le quiproquo a commencé sans le spectateur, accélère le rythme. Nous avons l’impression d’avoir attrapé le train au vol ! Nous tentons de rattraper l’intrigue qui prendra toujours un temps d’avance sur nous, surprenant sans cesse par sa folie, ses non-sens. Il faut saluer la mise en scène astucieuse et « rapide » d’Alain Sachs, dans un souci manifeste de donner à l’oeuvre une modernité bienvenue.
Nous devons être honnête en expliquant que certains spectateurs (dont moi-même) redoutions la prestation de Yvan Le Bolloc’h. Nous sommes ici très loin de l’univers de Caméra Café (du moins je le pensais) et du ton gouailleur façon gavroche parisien, que cet animateur devenu acteur emploie. Il nous faut donc faire un mea
Mais n’oublions pas que cette troupe comporte douze personnes… Loin de se fondre dans le mécanisme de l’intrigue, ces acteurs se révèlent tous à la hauteur. Ainsi, Pierre-Olivier Mornas, dans le rôle de Lornois pourrait n’être que le faire-valoir de Yvan Le Bolloc’h. Avec son jeu généreux, il met en relief un personnage d’ami observateur dépassé mais fidèle. Des valeurs sures du théâtre expérimentées, heureusement non blasées viennent mettre leur grain de sel, comme Jean-Marie Lecoq, Urbain Cancelier, Catherine Chevallier, ou encore Michel Lagueyrie et Gérard Chaillou. Solides, ils apportent le petit plus de complicité nécessaire qui fait que nous nous sommes séduits par la drôlerie du texte. Une petite mention spéciale pour la prestation désopilante de Jean-Louis Barcelona, dans le rôle du piteux La Chevillette.
Ainsi, le succès tient ici par la grâce d’une troupe soudée dont on sent le plaisir du début jusqu’à la fin. Nous passons notre temps à rire en pensant « Quel crétin ! » ou « Quelle cinglée ! » et il est vrai qu’il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin. Mais, en ces temps plutôt maussades, voici un spectacle pour tous âges, un divertissement destiné à tous, alors autant ne pas faire la fine bouche et s’amuser pendant deux heures réjouissantes !
Fiche Technique
Décor : Stefanie Jarre
Costumes : Emmanuel Peduzzi
Musique : Patrice Peyrieras
Mise en scène : Alain Sachs
Assistance à la mise en scène : Corinne Jahier
Représentations : du mardi au vendredi à 20h30 et samedi à 17h et 21h
Adresse : Théatre Antoine – 14, bd de Strasbourg – 75010 Paris
Métro : Strasbourg – Saint-Denis
Tarifs : 52, 40, 32, 17 €. Moins de 26 ans les mardis, mercredis et jeudis 10€.