Le tonneau – Avis +

Présentation de l’éditeur

Londres, 1912. Les docks Sainte-Katherine. A l’intérieur d’un tonneau d’apparence anodine, on découvre le cadavre d’une jeune femme vêtue d’une robe de soirée. Qui l’a assassinée ? Est-ce l’amoureux éconduit, réfugié en Angleterre après la rupture des fiançailles, et qu’elle semblait s’apprêter à rejoindre ? Ou bien le mari trompé, jaloux et désabusé ?

De ces deux hommes, lequel a mis en place le stratagème visant à faire accuser l’autre ? Aux prises avec un plan d’une ingéniosité diabolique, deux policiers – le Français Lefarge et l’Anglais Burnley – sillonnent l’Europe pour démêler l’écheveau d’un des crimes les plus inventifs du début du XXe siècle.

Avis d’Enora

Le tonneau (The Cask) premier livre de Freeman Wills Crofts, est paru en 1920, la même année que La mystérieuse affaire de Styles, premier roman d’une certaine Agatha Christie et inaugure l’âge d’or du roman policier de l’entre-deux guerres.

Nous sommes à Londres en 1912 sur les docks ; en déchargeant des tonneaux de vins, une manœuvre malencontreuse en abime quelques uns, dont un qui laisse échapper de la sciure et des souverains. En l’ouvrant les employés de la Compagnie de navigation à vapeur découvrent le cadavre d’une femme, mais avant que la police n’arrive sur les lieux, le tonneau disparaît. Aidé par son homologue français Lefarge, l’inspecteur Burnley va chercher à débrouiller l’intrigue : qui de l’expéditeur ou du destinataire est coupable ? Combien y-a-t-il de tonneaux ? Un, deux, trois ?

Parmi les coupables présumés, tous ont des alibis en béton et il ne faudra pas moins de l’habilité des deux policiers et du détective La Touche pour démonter la mise en scène visant à faire accuser un innocent (mais est-il vraiment innocent ?).

A l’heure où l’on nous inonde d’histoires de serial killers et de psychopathologies si compliquées qu’il faudra bientôt pour les lire, s’armer d’un « Laplanche et Pontalis » , cela fait un bien fou de revenir à ce genre d’enquête dans lesquelles le détective n’utilise que ses cellules grises, sa montre, les horaires de trains et démonte les alibis d’un meurtrier animé par des sentiments aussi banals que la colère, l’amour-propre ou la jalousie.

Dans les romans où toute personne dans le cercle de l’enquête doit être suspectée, l’alibi est le nœud du problème ; autant pour le présumé coupable qui doit apporter la justification qu’il n’a pu matériellement accomplir le crime, que pour le policier qui doit lui, en tester la véracité… Car alibi veut aussi dire ailleurs et par extension diversion. Or quelle plus convaincante façon de porter la suspicion sur un autre que de la détourner de soi-même !

Bien sûr on pourra toujours argumenter que pour quelqu’un qui agit sans préméditations, le criminel fait preuve d’une extraordinaire présence d’esprit pour monter un plan aussi complexe et machiavélique, mais ne boudons pas notre plaisir et laissons nous captiver par l’histoire et le style à la fois fluide et austère de Crofts. Il ne nous parle que d’horaires de train et de bateaux à vapeur, de calcul de temps et de multiplication de tonneaux mais son talent de conteur est tel que nous suivons avec fascination le travail scrupuleux et fastidieux de ses enquêteurs. Sa méthode d’écriture est sans improvisation, tout est minutieusement prévu avant de commencer, autant le meurtre que l’alibi du meurtrier et la façon dont les policiers vont le démonter, ainsi que la chronologie des accidents ou l’histoire des personnages et le résultat est du fini main !

Un des grands classiques du genre, magistral et complexe, qui a joué une influence non négligeable sur de nombreux écrivains et a été salué par Raymond Chandler comme « Sans doute le meilleur premier roman policier jamais écrit. »

Fiche technique

Format : poche
Pages : 512
Editeur : Rivages
Collection : Rivages Mystère
Sortie : 12 mai 2010
Prix : 10,50 €