Le joueur de flûte de Hamelin – Avis +

Présentation de l’éditeur

Jay Asher et Jessica Freeburg ont habilement revisité l’histoire du joueur de flûte de Hamelin dans ce conte fantastique effrayant.

Il était une fois, dans un petit village au fin fond de la forêt, une jeune femme sourde nommée Maggie. Maltraitée par les villageois, elle se réfugiait dans l’imaginaire, rêvant de trouver un jour le prince charmant.

Quand Maggie rencontre le mystérieux joueur de flûte, il semble que tous ses vœux se réalisent. Mais à mesure qu’elle se rapproche de lui, Maggie découvre le côté sombre du garçon de ses rêves qui pourrait bien se révéler son pire cauchemar…

Transcrite initialement par les frères Grimm, la légende évoque la disparition de cent trente garçons et filles, un désastre qui serait survenu le 26 juin 1284 dans la ville de Hamelin en Allemagne.

Avis de Valérie

Le conte du joueur de flûte de Hamelin (notamment rapporté par les frères Grimm) a deux points forts : la parole donnée et reprise aka la trahison, et la perte des enfants, force vive d’une communauté. Comme toute légende, on retrouve​ à sa base un fait historique tragique qui se couvre avec la patine du temps, d’une aura fantastique.

Au XIIIe siècle, la commune germanique de Hamelin a perdu plus d’une centaine d’enfants. Que sont-ils devenus ? C’est là où les rapporteurs ont pu embellir la réalité. Le joueur de flûte, tel Prométhée, s’invite alors dans l’histoire…

De son côté, Jay Asher a bâti sa renommée avec 13 Raisons (roman adapté en série par Netflix), et on reconnaît une certaine acidité dans sa lecture des émotions humaines. Il adapte ici le récit en focalisant sur le joueur de flûte, personnage énigmatique qui capitalise tous les péchés : l’étranger charmeur, qui n’est pas touché par le regard des autres et semble posséder le pouvoir de tous les anéantir !

C’est un bateleur qui vend ses services de villes en villes. À l’aide de son chalumeau, il hypnotise les bêtes en trouvant leur mélodie. Une sorte d’air commun à une espèce, un ADN musical les liant les uns aux autres. Ce faisant, il possède le pouvoir absolu sur eux.

En arrivant à Hamelin, il obtient des représentants du bourg d’être payé en échange d’une dératisation complète de la cité. Les rongeurs sont une plaie qui ruinent les récoltes, gâtent les réserves, et transmettent des maladies.

Il se rapproche de Maggie, une jeune fille ostracisée car orpheline et sourde. Celle-ci se laisse approcher par cet autre marginal possédant une assurance liée à son pouvoir. Et si son cœur fond pour la jeune femme, il a côtoyé la mort depuis trop longtemps pour ne pas rendre coup pour coup !

Le trait de Jeff Stokely est assez classique sans grande signature, mais clair et bien identifiable. L’histoire est cruelle, mais elle a été renouvelée pour que l’adolescent ou le jeune adulte puisse comprendre que chacun possède sa force. On retrouver des thèmes communs aux œuvres de Jay Asher, ce qui plaira à ses fans.

Un seul reproche, la trame construite par l’auteur reste un peu trop en surface. Elle pouvait se permettre d’attaquer un peu plus la couverture pour proposer une réflexion fine et plus subtile. De plus, la conclusion se devant être tragique, il innove, mais finalement propose une vision bien trop idéale au regard du désespoir et à la médiocrité ambiante.

Cela reste une lecture passionnante, une revisite intelligente de ce conte moins connu, mais bien plus intéressant qu’il en a l’air.

Fiche Technique

Format : album
Pages : 144
Editeur : Michel Lafon
Collection : BD
Sortie : 25 janvier 2018
Prix : 20 €