Le baiser du démon – Avis +/- et +

Présentation de l’éditeur

Danny Valentine – tempérament de feu et nerfs d’acier – est nécromancienne. Elle loue ses services au plus offrant et ressuscite les morts comme personne. Pourtant elle se serait bien passée de ce contrat avec Lucifer lui-même. Mais comment refuser, et espérer rester en vie ? Engagée pour tuer le fugitif Santino, démon de son état, Danny se voit affublée pour garde du corps d’un autre démon en qui elle n’a pas confiance, et de deux médiums. Cela dit dans cette affaire, ce n’est pas d’amis dont elle a besoin, mais plutôt d’un miracle. Car la dernière fois qu’elle a rencontré l’invincible Santino… elle a failli mourir !

Avis d’Emilie

Une intrigue bien mince, cousue de fil blanc. Dès les premières lignes, on sait comment cela va se termier. Une romance fleur bleue entre deux personnages incompatibles, une pseudo-enquête dans un univers qui pourrait être intéressant s’il était plus développé.

Malgré ces lacunes, les personnages sont attachants, et ce roman assez court se lit avec facilité.

A réserver aux amateurs du genre.

Avis d’Elaura

Avant toute chose, parlons de ce qui pourrait faire fuir le lecteur… Non ! L’histoire de Dante Valentine n’est en rien une pâle copie d’Anita Blake, loin de là ! Certes, elles ont la nécromancie en commun, sont toutes deux des héroïnes fortes en tête et irréfléchies, mais la ressemblance s’arrête ici. Le monde de Dante Valentine est fondamentalement différent de celui de notre exécutrice.

L’univers créé par Lilith Saintcrow est sombre et futuriste, nimbé d’un certain nihilisme plutôt novateur en bit-lit. Ce côté cyberpunk est réellement une bonne surprise et nous projette dans un monde où le chaos s’effleure du bout des doigts. L’Eveil a précipité la chute des Eglises monothéistes laissant la population dans un état d’incompréhension totale.

La révélation des êtres surnaturels, ainsi que celle des psions (humains dotés de pouvoirs parapsychiques, comme la nécromancie par exemple), divisent les peuples en catégories bien distinctes tâchant tant bien que mal de vivre ensemble ou de s’ignorer cordialement. Le Dieu chrétien n’est qu’un dieu parmi tant d’autres et la pratique de la magie est monnaie courante. Croyances païennes se mêlent à l’utilisation de technologies futuristes et confèrent une certaine noirceur au récit.

Danny Valentine est un psion depuis la naissance. Son don de nécromancie en fait un être à part et redouté, même parmi ses semblables. Échappant de peu à l’esclavage (destin souvent réservé aux psions), son éducation dans une école spécialisée lui a permis de devenir une nécromante accréditée, une des meilleures du pays. Avec l’aide d’Anubis, son psychopompe (Anubis étant le dieu égyptien qui accompagnait les défunts dans le royaume des morts), elle ressuscite les morts pour le compte de particuliers ou du gouvernement.

C’est une femme usée, fatiguée par la vie qu’elle mène et les épreuves traversées. Aussi quand un démon vient frapper à sa porte, armé jusqu’aux dents, pour lui annoncer que le prince des Enfers lui-même souhaitait la rencontrer afin lui confier une mission, Danny sent le vent tourner. Ce sera peut-être son dernier contrat, le plus dangereux, mais comment dire non à Lucifer ? Dante sombrera dans les ténèbres et ses amis avec elle.

Haletant serait le terme qui qualifierait le mieux ce tome. Lilith Saintcrow nous balance dans cet univers sans préliminaires, brusquement, nous révélant le mode d’emploi qu’au fur et à mesure de l’intrigue et cette claque est plutôt jouissive. Le récit est parfaitement maîtrisé et nous entraîne dans une chasse violente et sans concessions. Et même si nous retrouvons les standards classiques du genre, ce livre ne ressemble à aucun autre. Laissez-vous tenter par Le Baiser du Démon, il est brutal et brûlant, mais terriblement bon…

Avis de Marnie

Quand on pense une seconde que Lilith Saintcrow est le vrai nom de l’auteur, il est normal aussi que son héroïne récurrente se prénomme Dante et qu’elle s’engage dans une lutte contre le diable en personne ! Si Dante « Danny » Valentine est une très classique héroïne de bit-lit, l’imagination, la construction et le talent d’écriture de l’écrivain vont faire toute la différence.

La très grande et bonne idée du roman, c’est de nous faire tomber tout droit et ce, dès la première page, dans l’action. Il ne s’agit en aucun cas d’une initiation, ou d’une jeune fille qui doit s’armer contre les méchants vampires ou autres loup-garous, ni même d’un combat entre le bien et le mal. Non, Dante Valentine est une trentenaire qui a déjà beaucoup vécu, dont le tempérament hargneux est suicidaire, qui a perdu sa meilleure amie (et amante…) et qui a été abandonnée par son petit-ami, serviteur des « mafias » quelques années auparavant. Danny est aussi et surtout, une humaine qui porte la marque sur la joue d’un certain pouvoir, celui d’être nécromante, au service de Anubis, dieu des morts. Elle utilise ses dons pour faire « parler » les défunts, le temps que leurs proches les interroge pour des questions le plus souvent financières.

Ce premier épisode, n’a rien d’une introduction. Lilith Saintcrow a le parti-pris d’enrichir dès le départ son héroïne de bagages plus que lourds. Dante Valentine a une vengeance en tête, des amis sûrs et ce depuis des années, une enfance « maltraitée », des regrets, de multiples traumatismes que l’on nous raconte en très très brefs résumés tout au long du récit, ce qui nous donne une étonnante impression d’avoir raté au moins cinq épisodes, et de prendre une locomotive folle en marche. Et quand nous découvrons la première ligne «Ma collaboration avec le Diable commença un lundi pluvieux», nous savons que c’est gagné !

La première confrontation avec Lucifer est une totale réussite et apportera un vrai souffle brûlant à cette histoire où les rebondissements ne manquent pas. Le monde qui se dessine sous nos yeux avec sa hiérarchie, son passé, son « exotisme » son décor (toutefois assez classique de la fantasy « urbaine ») est passionnant. Lilith Saint-Crow est une fervente admiratrice de Jacqueline Carey et cela se sent comme un vibrant hommage ici. Elle est aussi fan de Quentin Tarantino, et là encore, dans la description jubilatoire des bagarres, vous avez l’impression d’entendre la fameuse guitare de Misirlou

Les seuls petits bémols ne représentent que des détails, les inconvénients liés au fait que l’auteur ne prend pas le temps de nuancer les caractères. Ainsi Gabe, la meilleure amie de Danny est faite d’un bloc sans aucune introspection ce qui la rend superficielle. Son compagnon, un sorcier possède un relief déjà bien plus intéressant. Danny, qui attaque ou hurle avant même de comprendre les situations, peut se révéler agaçante à cause de ses réactions attendues et un peu lassantes… Mais, attention, ces légers défauts d’écriture peuvent se corriger facilement et sont vite oubliés lorsque nous les comparons à la grande richesse du roman… et dès que l’on fait la connaissance du héros : Japhrimel.

Dans l’urban fantasy et autres bit-lit, nous avions eu déjà des héros « bad boys » avec une vraie envergure, vampires, changelings, faes… et voici, Japhrimel, bras droit du Diable ! Voici un être très nuancé, évolutif, il constitue une des meilleures surprises du récit. Attaché (malgré lui ?) comme démon familier à notre héroïne qu’il doit protéger pour qu’elle puisse mener sa mission à bien, par Lucifer lui-même, il se révèle aussi inquiétant que puissant… mais aussi séduisant et vulnérable. L’alchimie est présente, l’électricité crépite dans l’air, décidément Lilith Saintcrow ne fait pas dans la nuance ou dans la tendresse, mais plutôt dans une sensualité pleine de feu et de fureur.

Pour ceux qui comme moi, seront « atteints » par le final explosif, n’oubliez pas qu’il existe cinq romans (dont le dernier semble se terminer) et qu’à la lecture du résumé du second volume… nous pouvons garder un optimisme triomphant !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 352
Editeur : Orbit
Sortie : 2 juin 2010
Prix : 15,50 €