Le Testament de Marie – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse.

Seule, à l’écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu’elle a vu changer.

Avis de Valérie

Comme toute tentative d’adaptation d’un fait connu, nous avons une vision toute personnelle d’un auteur qui pourra ne pas plaire à tout le monde d’autant qu’il s’agit d’aborder les bases de l’une des trois religions monothéistes actuelles. Avec Le Testament de Marie, Colm Tóibín prend la voix de Marie, mère d’un homme au destin tragique qui est a laissé une trace indélébile dans notre société.

L’auteur s’appuie souvent incorrectement sur les textes du Nouveau Testament pour incarner la voix d’une femme meurtrie qui ne se relève pas, mais attend la fin de ses souffrances pour accéder à la délivrance. Elle est souvent amère et aigrie et bien loin des valeurs de sérénité et d’endurance que professe n’importe quelle sagesse.

Il y a une volonté appuyée de Colm Tóibín à démonter tous les passages qui attesteraient de la réalité de la divinité de Jésus comme des miracles accomplis durant les trois ans de son sacerdoce. Cela est bien sûr le droit le plus absolu de l’auteur, mais quel est son but ?

La foi étant ce qu’elle est (l’expression des choses que l’on ne voit pas), on ne trouve pas ici une volonté d’enseignement. Mais la persistance d’une désacralisation, même celle de l’humanité dont chacun est tout de même pourvue. Les hommes, tous, sont abusifs, méprisants, violents, et les femmes lâches et fuyantes.

De plus, il n’y a aucun effort pour s’adapter à l’époque et au lieu (le Moyen-Orient), les recherches ont été faites en surface et il n’y a pas d’immersion pour le lecteur. La psychologie de cette Marie est à la fois moderne et rétrograde. C’est tellement personnel – puisque cela ne respecte ni le texte biblique, ni la tradition catholique, ni la vie et la mentalité juive de l’époque – que l’on se demande quel est le message que l’auteur a voulu passer si ce n’est une déception certaine et une amertume étouffante lorsqu’on arrive à la fin de sa vie.

Relatée à la première personne, cette évocation de la solitude de la vieillesse prend pour démonstration le destin d’une femme qui a été élevée au rang de mère éternelle pour l’exemplarité de son amour et de son sacrifice. Lui donner un vrai caractère faillible, plus proche de la réalité que tout à chacun vit, était une bonne idée. Lui renier toute velléité de réalisation personnelle et lui faire ruminer les regrets et les disparitions ressemble plus à un règlement de compte qu’à un constat ou une licence artistique.

C’est le choix de l’auteur, comme du lecteur de l’apprécier ou non.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 121
Editeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons
Sortie : 19 août 2015
Prix : 14 €