Le Tenori-on arrive en France

Cela faisait longtemps qu’il était espéré… Après un lancement sur le marché anglais en septembre 2007, il arrive enfin en France et était présenté ce soir à la Villette.

Mais qu’est-ce donc que le Tenori-on ? La traduction du japonais vers l’anglais donnée par le créateur est Sound of the Palm (après avoir essayé le son de la paume, je ne me risquerai pas à en proposer une version française…). C’est un instrument de musique conçu par Yamaha et qui révolutionne l’interface homme-machine. C’est accessoirement un objet au design superbe.

Son créateur, Toshio Iwai, est un artiste également connu pour la création de jeux vidéo tels que ElectroPlankton sur Nintendo DS.

Le Tenori-on est donc un contrôleur midi, un séquenceur, un sampleur… Une banque de 253 sons et un slot SD pour intégrer les samples de l’utilisateur. Jusque là, rien de bien épatant pour qui s’intéresse un peu à la musique électronique. Là où le produit se démarque des autres, c’est
dans son interface avec le musicien. C’est un objet au look faussement rétro, comme sorti d’un Cosmos 1999 ou d’une façade de WOPR dans Wargames : un panneau composé d’une matrice de 16 par 16, chaque point étant rétro-éclairé par une LED. C’est étonnement beau mais aussi très utile, la visualisation des sons et de la progression de la séquence permet une interaction beaucoup plus intuitive.

Le Tenori-on fut un succès phénoménal outre-Manche et on a vu un temps les tarifs sur le marché de l’occasion exploser suite à l’habituelle pénurie (orchestrée par le constructeur comme on l’a souvent vu pour d’autres produits dans le passé ?).

Des artistes comme Björk l’ont régulièrement utilisé pour leur performance live et d’autres tels que le brillant Uwe Schmidt (connu sous les pseudos de Atom ou Señor Coconut) ou Ronald Lippok (l’homme des machines de To Rococo Rot) en sont devenus les ambassadeurs.

Ce produit est commercialisé en Angleterre pour 630£ (initialement 600£ mais puisque la demande est là, Yamaha n’allait pas se priver…), il devrait être proposé à 875€ chez les revendeurs de matos en ligne français (prix constaté chez playback.fr).

Pendant cette soirée d’introduction, des artistes sont venus faire une démonstration de leur utilisation de la machine avec plus ou moins de réussite. Si la prestation de I Am robot and proud était convaincante, on ne pourra pas en dire autant de ce qui suivi, certains passages étant même pénibles…

Toishi Iwai est ensuite venu faire une présentation de son parcours personnel et de ce qui l’a amené jusqu’à la conception du Tenori-on. Des jeux vidéos Otocki, Simtunes, ElectroPlankton, jusqu’à sa collaboration avec Ryuichi Sakamoto en passant par ces installations d’art contemporains. En compagnie de Yu Nishibori, ils décrivit le processus de création du Tenori-On : du premier jet de l’idée sur une feuille de papier au premier prototype jusqu’aux magnifiques usines de production japonaises… Ils finirent leur exposé par une démonstration du mode « collaboratif » entre deux Tenori-on.

Une vingtaine de machines étaient disponibles en démonstration. Si votre serviteur aux doigts boudinés n’a pas été capable d’en tirer un son, il semblerait que les divers testeurs la prenaient en main rapidement. Le touché est agréable et l’ensemble à l’air très solide. Même si Yamaha le présente comme étant l’instrument idéal pour ceux qui n’ont jamais fait de musique, il ne faut pas se leurrer : c’est un outil qui semble puissant et seul un apprentissage approfondi permettra la maîtrise nécessaire pour pouvoir libérer la créativité du musicien.

A un peu moins de 900€, je ne pense pas que je me laisserai tenter, trop d’instruments de musique prennent déjà la poussière chez moi… Néanmoins, les musiciens, et en particulier ceux se produisant en live, apprécieront son ergonomie, sa puissance et les splendides effets visuels qu’il produit.