Le Havre, patrimoine mondial de l’humanité

La ville la plus détruite de France

Pour approvisionner les troupes alliées qui avancent vers l’est et disposer de ce grand port sur la rive Nord de la Seine, le Général Crocker ordonne une attaque massive qui fera du Havre la ville la plus détruite de France. Le 5 et le 6 septembre 1944, en quatre heures de « carpet bombing », le Centre est totalement rasé par la Royal Air Force. La Ville perd ses centres de décision, de culture, son habitat. Sa mémoire disparaît. De leur côté, les Allemands détruisent toutes les installations portuaires. Une phrase terrible illustre le sentiment des havrais devant ce champ de ruines qui s’étend sur près de 2 kms jusqu’au littoral :  » On voyait jusqu’à la mer…  » Le conflit a fait au Havre 5 126 morts et détruit 12 500 immeubles, laissant 80 000 sinistrés dont 35 000 sans abri. Vingt ans seront nécessaires à la renaissance de la ville. En mai 1945, Auguste Perret, alors âgé de 71 ans, est nommé Architecte en chef de la reconstruction du Havre.

Une réunion de compétences sans équivalent

Auguste Perret arrive entouré de 18 architectes, anciens élèves et disciples, qui se sont constitués en « Atelier de Reconstruction du Havre ». Au total une centaine d’architectes interviendra autour de lui. Cette reconstruction sera son chef-d’oeuvre. Il est déjà considéré comme l’un des architectes majeurs du XXe siècle, aux côtés de Le Corbusier, Mallet Stevens ou Tony Garnier. Le chantier du Havre, à la fin d’une carrière très riche, lui apporte l’occasion de mettre en oeuvre ses théories à une échelle inespérée. Continuateur de la grande tradition classique française dans l’architecture du XXe siècle, il ouvre la voie à l’architecture moderne dans un registre spécifique, le classicisme structurel, synthèse moderne des deux courants antagonistes du XIXème siècle : le néo-gothique et le néo-classique. Au Havre, cette doctrine unificatrice est appli quée pour la première fois à l’échelle d’une ville, et détermine sa morphologie générale. Lorsqu‚il meurt le 25 Février 1954, les plus importants îlots de la reconstruction sont achevés mais les deux plus grands édifices, l’Hôtel de Ville et l’Eglise Saint-Joseph ne seront livrés que quelques années après sa mort.

Mon béton se suffit à lui-même…

Avec Auguste Perret, on peut parler d‚un véritable « ennoblissement du béton », qu’il a su rendre vivant. Traité, décoré et coloré, son béton, dont il disait qu‚il  » se suffit à lui même « , réagit différemment à la lumiére, tout en restituant le ton de sa pierre d‚origine. L’architecture originale voulue par Perret, avec ses colonnes à l’antique et ses claustras d’inspiration orientale, ouvre Le Havre sur la mer. La lumière des ciels havrais, que prisaient tant les impressionnistes, y apporte une grande sensation d’espace. S’y ajoutent la clarté du parti architectural, la composition et l’articulation des espaces publics, avenues, boulevards et places, ainsi que celle des îlots, la mise en scéne et la monumentalisation des espaces majeurs comme la place de l’Hôtel de Ville, la Porte Océane, le Front de Mer Sud, le Bassin du Commerce. Depuis quelques années, l’Ecole Perret bénéficie d’un regain d’intérêt et l’on redécouvre son rôle dans la naissance de l’architecture moderne. Elle a profondément marqué la scéne architecturale et le paysage urbain de nombreuses autres villes. Le béton armé, et ses techniques de construction novatrices , universellement utilisés aujourd’hui, font du Havre le pionnier de l’architecture du XXe siècle.

Office de tourisme – 186 boulevard Clemenceau – 76600 Le Havre

www.lehavretourisme.com

L’Office du tourisme et le service Ville d’ Art et d’Histoire organisent des visites guidées de la ville.

Le Musée Malraux – 2, boulevard Clemenceau – 76600 Le Havre

Il possède l’une des plus importantes collections d’art français au tournant des XIXe et XXe siècles. Il est fermé pour rénovation du 1er janvier jusqu’à fin mai 2006.