Le Centre Pompidou rend hommage à l’éditeur Christian Bourgois

Source : AFP

La bibliothèque du Centre Pompidou accueille jusqu’au 16 janvier une
exposition en hommage à l’éditeur Christian Bourgois dont la maison,
dotée d’un prestigieux catalogue, va bientôt franchir le cap des 40
années d’existence.

« Editer, c’est s’inscrire dans la durée, tisser avec ses auteurs des
liens d’affection, presque de famille », dit l’éditeur qui reconnait
n’avoir jamais eu la vocation d’écrire.

« Si j’ai fait oeuvre, c’est d’avoir réuni toutes ces oeuvres »,
estime-t-il en référence aux auteurs publiés tels Boris Vian, JRR
Tolkien, Jim Harrison, Pierre Boulez, Antonio Tabucchi, Toni
Morrison, Salman Rushdie, Ernst Junger, John Fante, William
Burroughs, Manuel Vazquez Montalban, Fernando Pessoa, Antonio Lobo
Antunes, Hanif Kureishi ou Witold Gombrowicz.

Mais Christian Bourgois vient aussi de publier le premier roman (« Au
bout de la route ») d’un lycéen nantais de 18 ans, Antoine Hardy.

Né à Antibes le 21 septembre 1933, Christian Bourgois entre « major
de la section économique et financière de l’ENA » mais démissionne de
l’Ecole pour travailler en 1959 avec l’éditeur René Julliard.

A la mort de celui-ci en 1962, il prend la direction de la maison,
publiant déjà de grands noms comme Gabriel Garcia Marquez ou
Alexandre Soljenytsine, créant, avec Pierre Nora, la
collection « Archives » ou le premier guide gastronomique d’Henri
Gault et Christian Millau.

En 1965, Julliard est racheté par le groupe Presses de la Cité.
L’année suivante, Christian Bourgois créé sa propre maison au sein
du groupe. En 1968, il reprend la célèbre collection 10/18 qu’il
dirige jusqu’en 1992 et où il publie plus de 1.500 titres dont 500
inédits. En 1989, il publie les « Versets sataniques » de Salman
Rushdie et quitte en 1992 le groupe pour redevenir indépendant.

Depuis, il poursuit, avec sa femme Dominique, son exploration des
littératures françaises et, surtout, étrangères. Depuis 1995, il
préside l’IMEC, l’Institut Mémoire de l’édition contemporaine, basé
à Caen.

L’exposition, inaugurée mercredi par le ministre de la Culture,
Renaud Donnedieu de Vabres, révèle, dans un premier « module », des
aspects de son métier: choix des couvertures, très soignées, ou
gestion des best-sellers: le succès du livre de Tolkien, « Le
seigneur des anneaux », a grandement aidé l’éditeur à ses débuts.

Elle met ensuite l’accent (module 2) sur ses auteurs hispanophones
et ceux de la Beat generation, puis (module 3) sur les anglo-saxons
(surtout les Américains) et, dernier module, les auteurs de l’Europe
de l’est.

Le directeur de la Bibliothèque publique d’information (BPI) du
Centre Pompidou, Gérard Grunberg, a rendu hommage à « l’aventure
intellectuelle peu commune » d’un homme « curieux de tous les genres
pourvu que l’écriture soit de qualité » et « engagé au service de la
littérature et de la pensée, du livre et des lecteurs ».

Outre la BPI, la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges et
la Médiathèque de l’agglomération troyenne coproduisent cette
exposition (entrée libre). Trois « rencontres » et débats autour de
l’éditeur sont prévus: les 28 novembre, 12 décembre et 9 janvier.

La BPI avait rendu hommage le 4 novembre à un autre remarquable
éditeur mais travaillant dans un registre différent: Cheyne Editeur.
Créée en 1980 par Martine Mellinette et Jean-François Manier au
Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), cette maison a pour
caractéristique principale d’imprimer ses propres livres à la
singulière tonalité poétique. C’est elle qui a édité en 2002 « Matin
brun » de Franck Pavloff (un million d’exemplaires vendus).