Le Calame noir – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui était Siyah Qalam, autrement dit  » le calame noir  » ? Fasciné par les nomades des steppes d’Asie centrale, ce peintre énigmatique de la fin du XVe siècle a laissé des dessins très loin des canons esthétiques de son époque. Son style réaliste intrigue depuis toujours les historiens d’art islamique. Un album de ses oeuvres conservé au musée de Topkapi renferme son secret. On y voit des hommes et des femmes au sein d’un campement d’été dans leurs tâches quotidiennes, mais aussi des descriptions de cérémonies occultes grouillant de démons et de créatures maléfiques. Pour quelle raison cet artiste de la cour de Tabriz a-t-il laissé autant de témoignages sur ces peuplades vouées à l’oubli ?

Personne n’est en mesure d’éclaircir le mystère de ces dessins presque magiques, à l’exception de Suzanne, l’héroïne de ce roman, qui, déambulant dans les salles d’une exposition, est soudain happée par une voix venue d’un autre temps, d’un autre continent. Une âme errante, celle d’Aygül, la propre fille de Siyah Qalam, qui lui raconte l’histoire si singulière de son père, cet homme de talent et peintre du réel en proie aux vicissitudes de son temps. Par-delà les siècles, un lien fort finit par s’établir entre les destins de ces deux femmes qui ont en commun l’impossible deuil du père.

Avis de Gérard

Le roman nous entraîne dans la période chaotique de la fin du XVe siècle du royaume de Tabriz divisé par les querelles dynastiques. On nous propose de nous décrire la vie de Siyah Qalam, le calame noir, descendant d’une illustre lignée de dessinateurs et de scribes, à travers les yeux de sa fille. Les dessins de cet artiste sont très loin des canons esthétiques de son époque, et son style réaliste intrigue encore aujourd’hui les historiens. On y voit la vie au milieu des campements des nomades du désert, peuple simple et rude, autour des feux de camp, à l’écoute du vent des steppes, des battements des tambours, des rituels d’exorcisme et des prières des prêtres.

Nous entrons, guidés par sa fille, dans l’intime de la vie de cet artiste singulier que les jeux du pouvoir porteront aux plus hauts sommets des honneurs et de la gloire puis au discrédit, à la misère, à la démence et à la mort. Ce roman est l’occasion d’un voyage envoûtant (bien qu’il arrive parfois de se perdre dans la complexité des tribus, des ethnies et des subtilités politiques de l’époque) à la découverte d’un peuple nomade et de la condition précaire des artistes de l’époque, prisonniers de la volonté du sultan.

C’est une lecture plaisante et très agréable d’un roman dépaysant, plein de charme et de mystère. Au-delà du pittoresque et de l’exotisme, Le Calame noir nous propose aussi de nous poser le problème des relations entre un père et sa fille qui l’admire et l’idéalise.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 192
Editeur : Robert Laffont
Collection : Roman
Sortie : 16 août 2018
Prix : 17 €