Lancement de la 27e Fête de la musique

Créée par Jack Lang, la fête de la musique est devenue une institution en France. Institution qui a été essaimée partout dans le monde par la suite, sorte de resucée des fêtes en l’honneur d’Apollon sauf que les Marsyas n’encourent aucun risque ce soir du 21 juin, jour du solstice d’été.

Pourquoi je parle des fêtes d’Apollon ? Hormis le lien évident qu’il s’agit du dieu de la musique, cette charmante idole avait une fête durant laquelle on lapidait des humains pour qu’ils expient les péchés des autres. Suite à cela le peuple faisait la fête avec pinard et concours de musique et de poésie. Cette fête s’appelait les Thargélies.

Cette tradition semble revenir à la mode puisque lors de l’inauguration de cette 27e fête de la musique, nous avons eu droit à un sermon de 15 minutes pour demander l’expiation de tous quant aux actes des « pirates » qui mettent en danger l’industrie musicale et qu’il convient de lapider.

Chiffre [[Oui, oui, au singulier !]] en main, la ministre Christine Albanel nous a expliqué que le téléchargement illégal était la cause de tous les malheurs, c’est-à-dire la baisse du chiffre de vente, de l’industrie musicale. A aucun moment les preuves d’une causalité entre le téléchargement illégal et la chute des ventes n’ont été évoquées. Comme nous le rappelions dans l’émission Symbiose du 6 janvier, quand on voit la progression du secteur des jeux vidéos et des outils high-tech en général (téléphonie entre autres) et quand on voit celle du budget moyen des français, le principe des vases communicants et d’une ventilation des dépenses expliquent très bien cela. Et ce, sans parler de la pauvreté du catalogue des majors qui ne pousse guère à l’achat.

La méthode Coué est peut-être bonne dans certains domaines mais ce qui s’avance sans preuve peut être nié sans preuve. Donc convainquons nous d’une causalité pour seule pseudo preuve une corrélation de deux courbes : d’un côté la chute des ventes, de l’autre la progression du téléchargement illégal. Maintenant que nous sommes convaincus, sans jeu de mots, voici en substance les annonces du ministre de la culture.

Tout d’abord ce sont les jeunes talents qui pâtissent en premier du piratage puisque les maisons de disques n’osent plus investir. Cependant il ne faut pas oublier les plus vieux qui ne donnent « Au p’tit qu’deux milles » et donc l’extension des droits voisins à 90 ans est une nécessité même si – reconnaît Madame Albanel – 70 ans c’est déjà bien.

En contrepartie de cette loi « Création et internet », les maisons de disques s’engagent à supprimer les DRM – ce qui est déjà la tendance de toutes façons. Concernant le cinéma, ce qu’on appelle communément les « fenêtres de la chronologie des médias » seront raccourcies. Pas de détails pour le moment mais le temps entre la mise en exploitation d’un film en salles et sa vente en DVD ou passage à la télé/VOD sera certainement réduit.

A noter, toujours pour la méthode Coué, que cette loi n’est pas liberticide car il faut mettre en balance les libertés des internautes, et celles des artistes et éditeurs. On ne peut qu’être d’accord sur cela mais pratiquer la punition collective – taxe sur des CD-R qui servent à graver des logiciels libres par exemple – et la surveillance en ligne confiée à des milices montrent nettement de quel côté penche la balance. On se croirait dans le Chant VIII de l’Iliade.

Il reste cependant quelques points positifs, mais qui ne concernent pas le piratage, puisque pour soutenir la création musicale, Christine Albanel prévoit :

– augmentation du crédit d’impôts de 3 à 12 millions d’euros
– adoption du modèle des SOFICA du cinéma au secteur musical
– création d’un label « jeune entreprise innovante » à l’instar de ce qui se fait en recherche.

Les deux dernières propositions étant à l’étude.

Sinon on est heureux d’apprendre que la FNAC sera partenaire d’une manifestation, oui la FNAC dont est issue Denis Olivennes (responsable de la commission éponyme).

Sinon le programme s’annonce bien, on a hâte d’être au 22 juin [[Oui, oui le 22]] ! Mais d’ici là, n’oubliez pas la fête de la musique libre le 20 juin.