La petite reine de Kaboul – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Ce récit raconte pourtant l’histoire d’une jeune cycliste afghane, Masomah Ali Zada. Elle et sa soeur Zahra ont fait le choix d’affronter les tabous d’une société patriarcale et misogyne en pratiquant envers et contre tout le cyclisme de compétition.

Elles l’ont raconté dans un documentaire diffusé sur Arte, Les Petites Reines de Kaboul (de Katia Clarens), qui a beaucoup circulé sur la toile et provoqué un engouement pour l’équipe féminine afghane de cyclisme, devenue rapidement un symbole fort de la lutte pour les droits des femmes.

L’ambassade de France a invité les petites reines de Kaboul le 8 mars 2016, des parlementaires italiens ont voté en faveur de leur nomination au prix Nobel de la paix et des articles ont paru dans la presse internationale.

L’auteur de ce récit, qui a découvert les deux jeunes femmes grâce au documentaire, raconte comment il entre progressivement en contact avec elles, et décide d’aider la famille Ali Zada à venir en France puis de les héberger dans une maison familiale située dans un petit village breton de 800 habitants, et de les accompagner dans leurs démarches de demande de droit d’asile.

Dans ce récit entre France et Afghanistan, on suit le périple de la famille Ali Zada, son exil en Iran, son retour en Afghanistan, puis son départ en France, et le parcours du combattant pour obtenir le droit de rester. Au milieu de tout cela, la passion de Masomah pour le vélo, les difficiles entraînements à l’extérieur de Kaboul et malgré des agressions visant à intimider l’équipe, ses voyages avec sa soeur Zahra, et leurs victoires.

Avis d’Emilie

Amateurs de témoignages, passez votre chemin. Si le sujet et la vie de Masomah Ali Zada valent la peine d’être racontés, la façon dont c’est fait laisse à désirer. En effet, l’ensemble est un profond fouillis.

Tout d’abord, la plupart du livre est écrit à la première personne, mais du point de vue de Patrick Communal, un avocat qui s’est spécialisé sur le tard en droit d’asile. Il est celui qui obtiendra une carte de séjour à Masomah et sa famille. De fait, il élude complètement l’histoire de la jeune fille par ses interrogations incessantes. Parfois, c’est vraiment à la limite de l’acceptable.

Page 51, il écrit Aujourd’hui, je les regarde, et je ne parviens pas à savoir ce qu’ils éprouvent dans les tréfonds de leurs âmes. Peut-être qu’au lieu de les « regarder » comme des bêtes curieuses, il suffirait de leur demander. Le livre est rempli de petites remarques dérangeantes comme celle-ci. Sans vouloir les taxer de racistes, elles sont pour le moins maladroites.

Enfin, le fait que ce ne soit pas le témoignage direct de Masomah, façon Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody, donne l’impression que Patrick Communal cherche à tirer la couverture à lui. J’ai fait ceci, puis j’ai fait cela, mais j’avais des problèmes financiers… On ne doute pas de son engagement ni de sa bonne volonté, mais pour un livre intitulé La petite reine de Kaboul, qui présente une femme en couverture, on aurait bien voulu entendre un peu plus ladite femme. Il faudra attendre la page 65 pour enfin lire Masomah. Au total, elle ne s’exprimera que sur 17 pages, pour un livre 206 pages.

La forme du témoignage est également à revoir. On s’y perd. On passe du présent au passé sans autre forme de procès. les chapitres sont décousus, on y parle de plein de choses différentes et on a du mal à faire le lien. Ça manque de chronologie.

On en apprend finalement peu sur le quotidien difficile de Masomah et sa famille. On aurait voulu avoir un témoignage plus personnel. Ici on nous répète que c’était difficile, que les femmes cyclistes en Afghanistan risquent leur vie et essuient sans cesse des jets de pierres ou détritus. Mais le quotidien de ces filles n’est pas fait que de cyclisme. Comment vit une jeune femme dans l’Afghanistan d’aujourd’hui ?

Avec l’axe très sociologique et politique du livre qui nous détaille des dates et des faits précis (il y a par exemple un chapitre entier sur les tensions consulaires à Kaboul), on perd le côté humain, ce qui est extrêmement dommage car on comprend bien que c’est ce qu’a voulu aborder l’auteur et que c’est par humanité qu’il a voulu écrire ce livre. S’il reste nécessaire, la lecture est laborieuse et décevante.

Fiche technique

Format : broché

Pages : 206

Éditeur : Editions de l’Atelier

Collection : sciences humaines

Sortie : 28 juin 2018

Prix : 16 €