La maison du pacifique – Avis +

Présentation de l’éditeur

Alors qu’elle rêve de devenir mère, Sarah Moon découvre l’infidélité de Jack, son mari, avec qui elle pensait former un couple idéal. Bouleversée mais décidée à ne pas se laisser abattre, elle retourne vivre là où elle a grandi et, au bord du Pacifique, elle s’installe dans un petit cottage plein de charme pour se reconstruire. Peu après son installation, Sarah découvre qu’elle est enceinte. Comblée par cette nouvelle et n’envisageant pas un instant de retourner vivre avec un mari qui a trahi sa confiance, elle retrouve Will Bonner, un homme incroyablement séduisant qu’elle aimait en secret lorsqu’elle était adolescente, mais qui l’avait toujours ignorée… Partagée entre l’euphorie d’une future maternité et les ombres d’un passé dont elle voudrait s’affranchir, Sarah va tout faire pour donner un second souffle à sa vie et vivre pleinement ses rêves.

Avis de Marnie

En lisant la quatrième de couverture, nous ne pouvons nous empêcher de penser que nous avons mille fois eu entre les mains ce genre d’histoire et déjà nous créons notre propre scénario. Une femme quitte son mari parce qu’elle découvre qu’il l’a trompé. Elle est donc enceinte, rencontre le héros, oublie aussi vite l’infidèle, mais cache le fait qu’elle va avoir un enfant. Le héros va le découvrir, se sentir trahi, lui faire une scène et la quitter et reviendra pour accoucher la malheureuse dans des circonstances dramatiques et ils tomberont dans les bras l’un de l’autre… Bon, et bien oublions nos idées toutes faites, nous sommes très très loin de ce scénario convenu. Il s’agit ici d’un récit qui ressemble bien plus aux chroniques auxquelles cet auteur nous a habitué depuis quelques temps.

L’histoire est centrée autour de Sarah Moon, son ressenti lorsque tout semble aller « bien » dans sa vie, la découverte de l’infidélité de son mari, son coup de tête qui la pousse à se réfugier à l’autre bout du pays, au nord de la Californie, dans un petit village près de la côte où elle a vécu malheureuse au sein pourtant d’une famille aimante… En fait, il s’agit ici de son introspection pour comprendre la raison pour laquelle à moins de trente ans, la jeune femme se sent si perdue, en dehors de la vie, avec l’impression d’avoir seulement réussi à gâcher son existence. Nous nous attachons profondément au vécu de Sarah, à ses sensations, sa façon d’appréhender les relations avec ses proches, ses voisins, ceux qui pourraient être ses amis. Ses échecs, sa fragilité, ses maladresses, nous avons tous ressentis cela. Susan Wiggs possède vraiment le talent de renouveler ces thèmes archi-rebattus avec intelligence, profondeur et finesse, une sorte de « faux » réalisme qui parle à notre propre vécu.

Tous les autres personnages de cette chronique sont présents pour donner vie à ce petit village où il fait bon vivre, où même les médisances, ou encore la réunion des diverses associations de fleurs ou de monuments historiques prennent un sens chaleureux avec cet aspect « il fait bon vivre » qui évoque par petites touches l’american dream. Que ce soit les grand-mère et grande-tante de Sarah, ses anciennes et nouvelles amies, son père, ou le héros et sa famille… Je vous laisse le plaisir de découvrir Will qui passe sa vie à sauver le monde en oubliant ses manques et ses envies, ou la jeune Aurora, une adolescente en quête de sa vraie mère, tous ces caractères décrits de façon plus ou moins approfondie se révèlent différents, évolutifs, avec différences facettes, mais tellement passionnants que nous ne faisons même pas attention au fait que la vraie rencontre entre nos deux héros surgit bien tardivement dans le récit. Cela n’a en fait aucune importance.

En effet, le rythme est lent, mais le contexte est si riche qu’il nous captive de la première à la dernière page. Susan Wiggs se permet de prendre le temps d’installer son personnage, de la faire reculer devant les épreuves. Sarah veut se découvrir avant de s’engager, mais ne transformera pas sa vie. La jeune femme s’adaptera seulement aux éléments inattendus qui vont surgir. Ce personnage semble se distinguer de ces héroïnes qui sont trompées, claquent la porte avec colère et soudain, au bout de trois chapitres passent à autre chose avec entrain, autorité, résolution ! En effet, cet écrivain est « une enfant des séries télévisées »… Comme beaucoup d’entre nous, elle a été élevée au rythme des soaps et longues saisons feuilletonesques et son scénario comme tous ses écrits, fait appel à nos souvenirs cinéphiles ou télévisuels. Ici, il s’agit d’un très célèbre rendez-vous du samedi soir que seuls les plus de quarante cinq ans se souviendront avec nostalgie (vu qu’il n’a jamais été reprogrammé…) Peyton Place avec les jeunes Ryan O’Neal et Mia Farrow, débutants, soit le quotidien, les secrets, les conventions d’une petite ville des Etats-Unis où les différences sociales provoquaient drames et passions…

Enfin, même si l’auteur a déplacé notre attention sur la côte pacifique, elle n’hésite pas à nous offrir un petit clin d’œil chaleureux à Avalon, dans l’état de New York, son lieu de prédilection (de nouvelles aventures du lac des Saules paraissent cette années aux États-Unis). Une romance contemporaine classique au ton résolument réaliste et moderne idéal pour ces longs moments de détente qui s’annoncent…

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 481
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 août 2009
Prix : 11,50 €