L’orchestre des doigts 4 – Avis +

– Ce sont les gagnants qui écrivent l’histoire. Malheureusement, les sourds n’ont jamais fait partie de ces derniers.

Le professeur Takahashi poursuit sa quête afin de permettre aux sourds de communiquer. Le langage par signe convient parfaitement pour leur permettre de « parler » entre eux, avec leurs professeurs ou avec leur famille. Mais la modernité a apporté l’école oraliste. Les sourds doivent pouvoir lire sur les lèvres et s’exprimer oralement. Or les seuls qui y parviennent sont les sourds légers où ceux ayant perdu l’ouïe après avoir entendu une partie de leur vie. Mais pour les autres (70 %) cette méthode est totalement inefficace. Logiquement le langage par signe ( ou méthode gestualiste) devrait leur être enseigné. Ce n’est pas le cas…

Le développement de la méthode oraliste s’accompagne de l’interdiction du langage des signes.

Cette série a commencé au début du siècle. Nous sommes à présent dans les années 30. Cette période est celle de l’offensive contre le langage des signes et parallèlement celui du développement de l’autoritarisme au Japon. Il convient d’écarter ceux qui s’expriment par gestes et de licencier les professeurs non-entendants.

Puis vient la défaite du Japon et le modernisme s’accentue. Mais l’oralisme implique toujours le rejet des sourds. Qu’ils puissent parler serait un facteur de normalité. Qu’ils puissent exprimer quelques mots les faits rejoindre le monde des entendants, même s’il ne s’agit que d’une illusion.

L’école municipale d’Ôsaka dirigée par Takashi continue d’enseigner le langage des signes, îlot de raison et de compassion dans un océan d’absurdité et de mépris.
Isolée, dévastée par un typhon elle persévère et est reconstruite.

C’est avec ce quatrième tome que s’achève l’Orchestre des doigts. Ce manga a mêlé efficacement émotion et rigueur historique en décrivant le monde des sourds japonais au XXe siècle. Les personnages authentiques (la postface est rédigée par la fille adoptive de Takahashi) ont vieilli. Vivant dans une société violente ou même les méthodes d’éducation reposent sur un rapport de force ils ont connu l’évolution du Japon et de l’éducation des sourds.

Les personnages historiques comme l’Américaine Helen Keller ( née sourde, muette et aveugle) ont contribué à la narration. La description des différentes époques permet de réaliser que les comportements vis à vis des sourds changent…un peu.

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Fiche Technique

Traduction : Marie Saskia Raynal & Satô Naomiki
Adaptation graphique : GBone
Postface : Yoriko Kawabuchi
Editeur : Milan
Collection : Kanko
Sortie : juin 2007
Prix : 11 euros
Inédit, moyen format, noir & blanc, sens de lecture japonais, 252 pages