L’héritière – Avis +

Présentation de l’éditeur

Humble couturière soumise aux caprices de ses clientes, Prudence Bosworth côtoie le beau monde san qu’on lui accorde un regard. Jusqu’au jour où elle hérite d’une fortune colossale. Désormais, les prétendants se bousculent, mais seul le duc de St. Cyres trouve grâce à ses yeux. Cet homme est pourtant un irresponsable, acculé au mariage à cause de ses dettes, doublé d’un cynique qui anesthésie son mal de vivre dans l’alcool et le libertinage. Comment trouver la félicité conjugale dans de telles conditions ? Car Prudence n’en démord pas, elle fera un mariage d’amour.

Avis de Valérie

Jolie romance qui comme l’opus précédent se déroule à la fin du XIXe et début du XXe siècle, période charnière où l’émancipation des femmes et les évolutions techniques sont au premier plan.

Notre héroïne est une petite couturière travaillant pour une grande maison dont la noblesse est cliente. Lors d’un bal auquel elle est obligée d’assister dans la pièce de repos des femmes pour parer à tout accroc, elle fait furtivement connaissance du duc de St Cyres.

Venu impudemment dans la pièce pour retrouver une riche héritière qu’il avait invité à danser, il est contraint d’aider la jeune Prudence au genou de ladite chipie, qui par méchancetés à éparpiller son nécessaire de couture. Un regard suffit pour qu’elle tombe sous le charme du libertin, même si bien sûr, rien n’est possible ni envisageable.

Rhys de Winter et lui aussi charmé par la douceur, la beauté ronde de la jeune femme… Il la mettrait bien dans son lit, mais comme beaucoup de nobles désargenté à cet époque, il doit se concentrer sur la recherche d’une riche héritière à épouser pour pouvoir éponger les énormes dettes que ses parents et précédents ducs ont laissées derrière eux, et qu’il a contribué à augmenter.

Puis, notre pauvre cousette hérite d’une fortune considérable. La bonne fortune n’était ici pas le sujet principal du livre, l’auteur évitera de s’attarder sur tout ce que peut maintenant obtenir Prudence pour se concentrer sur l’histoire devenue possible entre son héroïne et Rhys.

Avec un grand sens de la psychologie, Laura Lee Guhrke va faire évoluer ce qui pour le duc est une transaction d’affaires agréable car il est assurément sensible à la jeune femme, mais qui est une vraie histoire d’amour pour notre naïve jeune oie blanche.

Les premiers chapitres nous montrent à quel point Prudence, encouragée par ses propres valeurs et son manque d’expérience, ne veut voir que ce qui correspond à ses attentes. Tandis que Rhys, prêt à tout pour que l’union se conclue, en vient à mentir et manipuler, même si au fond il ne cache jamais ses attentes, mais les enrobe de boniments.

Rhys, magnifié par ce regard aimant et candide, va se transformer, devenir ce héros que Pru voit lorsqu’elle le regarde. Sans jamais vraiment le comprendre, elle va pénétrer le coeur brisé de ce faux cynique, totalement détruit par un drame que nous découvrirons en fin de livre. Son amour, sa gentillesse, sa tendresse va agir comme un baume pour cette âme mourante.

Rien ne sera facile, ni la monstrueuse tache de se reconstruire, ni la perte de l’innocence et des illusions de Prudence. Mais l’auteur réussit avec brio de nous faire passer tout cela, crescendo, jusqu’au point d’orgue où le duc fait le lien avec son passé pour enfin regarder le futur, et où Prudence comprend qu’elle a été bernée…

Bouleversant, l’écriture intelligente de Laura Lee Guhrke nous permet de prendre énormément de plaisir à la lecture, sans pourtant jamais négliger ni la cohérence historique, ni la psyché des personnages. De plus, l’histoire parallèle entre le valet de St Cyres et la femme de chambre de notre richissime jeune femme est aussi attendrissante, bien que plus courte, par la force des choses.

Enfin, nous retrouvons tout au long du roman les pensionnaires de Madame Morris, en filigrane, et le couple du roman précédent revenu de voyage de noce.

En réel plaisir de lecture à ne pas manquer !

Avis d’Elaura

Second opus de la série Jeunes filles en fleurs, cette fois c’est l’histoire de Prudence Bosworth que nous raconte Laura Lee Guhrke, toujours de cette plume élégante et légère qui fait de ses romans de véritables petits moments de bonheur. Même si ici, le récit est bien plus classique que dans le premier tome, il n’en reste pas moins chargé de bon sens et d’émotion, et l’analyse fine du déclin de l’aristocratie anglaise de cette fin de XIXe siècle donne une note plus critique au roman.

Prudence est une couturière qui devient une riche héritière à la mort de son père. Un père qu’elle n’a jamais connu puisque celui-ci a pris la fuite face aux responsabilités qu’impliquait une grossesse. Obligée de trouver un époux pour jouir de la totalité de sa fortune, Prudence fait son entrée dans le monde et côtoie ceux pour qui elle travaillait peu de temps auparavant.

Elle revoit également le duc de St. Cyres qu’elle avait rencontré alors qu’elle s’exerçait à ses travaux de couture lors d’un bal. Celui qu’elle prend pour un preux chevalier va devenir un prédateur prêt à tout pour obtenir un consentement de mariage car St. Cyres est un dandy acculé par les dettes et totalement ruiné.

De mensonges en manipulations, le duc va se prendre à son propre jeu, et la gentille et douce héritière va apprendre à ses dépens que la fortune peut devenir une lourde charge à porter.

Qu’il est bon de se plonger dans un roman où la simplicité apparente du propos nous cache bien des choses et où les personnages évoluent de manière subtile. Prudence, derrière ce masque de naïveté, est pourtant une femme résolument moderne qui a travaillé toute sa vie pour subvenir à ses besoins.

L’arrivée de cette fortune va considérablement changer sa vie et sa vision de celle-ci, pourtant rien n’entachera sa confiance absolue en ses convictions profondes à savoir que le mariage est une affaire de cœur et non de gros sous. Elle assume son romantisme jusqu’au bout quitte à renoncer à ce cadeau venu du ciel et à travailler durement.

St. Cyres, quant à lui, est l’archétype même du débauché pourtant, il est loin de se satisfaire de cet état de fait. Tout au long du récit, il va prendre conscience que porter un titre engendre de grandes responsabilités et que de nombreuses personnes dépendent de lui. L’évolution de l’industrialisation rend l’aristocratie obsolète et les puissants du royaume ne sont plus des lords mais des roturiers qui travaillent et se lèvent tôt chaque matin.

Une lecture fort agréable pour un roman réussi, loin d’être aussi léger qu’il n’y paraît et c’est avec beaucoup de plaisir que nous lirons la suite de ces Jeunes Filles en Fleurs à paraître en mai.

Avis de Marnie

Excellente présentation… pour un non moins excellent roman ! Bien évidemment, tout le monde a déjà lu de telles histoires, où une jeune fille idéaliste va transformer un débauché en parfait mari, après blessures et trahisons d’usage qui constituent les rebondissements attendus de ce genre de roman.

Pourtant, nous avons l’impression que Laura Lee Guhrke a inventé le genre, avec sa fraîcheur de style et son ton enjoué et spontané. Tout d’abord, nous avons droit à une introduction astucieuse qui résume parfaitement les difficultés auxquelles se heurte une Cosette/Prudence qui subit son sort vaillamment. Nous voici donc sous le charme de cette héroïne pas rebelle pour un sou, et surtout d’une « douceur » peu adaptée à ce qui va survenir dans son existence.

Complexée par une silhouette plus que voluptueuse, et d’une naïveté confondante par certains côtés (mais certains côtés seulement) Prudence, qui croit que tout ce qui lui manque dans sa vie, va désormais être pallié ou s’arranger grâce à son héritage, va bien évidemment comprendre que l’argent n’est pas la réponse à tout. Même si elle semble effacée et même faible, elle sait pourtant affronter les situations difficiles avec dignité et aplomb dès qu’il le faut.

De son côté, et ce qui est assez original dans l’histoire, c’est que notre débauché n’a rien d’un ange déchu, à l’aile juste écornée. Rhys est un cynique individu, froid, égoïste, manipulateur au point que le lecteur le trouvera antipathique. C’est lorsque l’on commence à deviner la tragédie vécue dans son passé que soudain, ses réactions prennent une autre signification. Il est désormais nuancé, avec des caractéristiques bien humaines… Tout cela est maîtrisé par un des meilleurs auteurs du genre. En effet, nous suivons avec passion cette relation sentimentale plus que fragile, où chacun des deux héros va évoluer pour qu’il puisse d’une certaine façon rejoindre l’autre.

Emotion, légèreté, drame, humour, amour, manipulation, désir… le cocktail ressemble à un tonique où le sirop se dilue dans l’amertume du fruit ! On ne dira jamais assez à quel point Laura Lee Guhrke est un bon auteur….

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 16 mars 2011
Prix : 6,50 €