Journal intime – Avis +

Journal Intime est composé de 3 actes (comme un concerto) :

1) Nani Moretti roule avec sa Vespa dans la banlieue de Rome. Il rencontre la danseuse de Flashdanse, il tance le critique qui a dit du bien de Henry a portrait of serial killer (qui l’a fait presque vomir) et va à la villa où a été assassiné Pier Paolo Pasolini.

2/ Avec un ami intellectuel allergique à la télévision, Nani Moretti va en bateau sur les îles. Ils n’y voient que bruit et touristes. Ils vont sur le Stromboli où le maire a des rèves de grandeurs incompris par ses concitoyens. Puis ils se rendent sur une île sans électricité et donc sans télévision : c’en est trop !

3/ Nani Moretti se fait soigner pour un cancer et prend des tonnes de médicaments pour un prurit.

Journal Intime, qui a valu le prix de la mise en scène à Cannes à Nani Moretti en 1994, porte bien son titre. Sa balade en Vespa dans la première partie est jubilatoire et rend hommage au cinéma italien, tout comme Fellini l’a fait (là encore, de façon égocentrique) dans Intervista. La deuxième partie rend hommage à d’autres films italiens, comme Stromboli et égratigne la télévision et les intellectuels qui disent ne pas la regarder et sont accros aux telenovellas (tout comme Fellini qui, dans ses derniers films, fustigeait la télévision commerciale de Berlusconi). Enfin, la troisième partie, la plus impudique et donc la plus gênante, égratigne les docteurs qui n’écoutent pas et Nani Moretti se fait lui-même son propre traitement : un verre d’eau à jeun ! (fin évidemment ironique).

Tout cela fait un ensemble doux et chaleureux. Il est rare d’avoir poussé le narcissisme à un tel niveau d’universalité, tout en rendant hommage au cinéma italien, si riche dans les années 1950 à 1970. Nani Moretti est le plus beau descendant de ce cinéma-là.

Il poursuivra son introspection avec Aprile en 1998, puis, cette année, avec Le Caïman, injustement boudé lors du palmarés du Festival de Cannes dimanche mais que l’on peut voir (heureusement) sur les écrans.

Fiche Technique

Avec Nanni Moretti, Giulio Base, Carlo Mazzacurati

Genre : Comédie dramatique

Durée : 1H40

Année de production : 1994

Titre original : Caro Diario