Journal d’un photographe de mariage

Présentation de Arte

Nadav Lapid aime tourner des films courts à l’exécution rapide entre deux projets de longs métrages. Deux ans près L’Institutrice le cinéaste de Tel Aviv révélé par le Festival de Locarno signe avec Le Journal d’un photographe de mariages un film de quarante minutes, de nouveau présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique.

Le propos et la forme prolonge ceux de L’Institutrice. Il s’agit de poser un regard critique sur l’une des institutions fondatrices de la société israélienne, ici le mariage, avec une mise en scène qui porte en elle des idées, des questions et quelques réponses.

Digne héritier de Godard et Fassbinder, Lapid fait politiquement du cinéma, chaque plan est à la fois théorique et incarné, réflexif et spectaculaire. Le héros du film est un photographe de mariage que les familles s’arrachent pour filmer les rituels et cérémonies qui accompagnent l’union sacrée – et économique – entre un homme et une femme.

Le photographe et son caméscope accordent une attention particulière à deux épouses – le film est constituée de deux mariages – et enregistre le désarroi, l’angoisse et le rêve de fuite des belles promises qui sont aussi des belles captives. Du statut de metteur en scène le photographe passe à celui de témoin, confident puis acteur. Lapid s’attaque moins au mariage qu’à une certaine néo bourgeoisie inculte et arrogante obsédée par l’argent, dans un petit monde clos.

Le futur marié ordonne au cinéaste de faire en sorte qu’un minaret n’apparaisse pas dans le cadre lors des effusions d’amour filmées sur une plage. Ce moyen métrage est d’une virtuosité et d’une intelligence affolantes, plus construit, profond et inventif que bien des longs.

Sortie : 7 décembre 2016 en exclusivité au Nouvel Odéon à Paris