Je ne viens pas à vous par hasard – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Mon ami(e), Je ne viens pas à vous par hasard. Dans ma quête d’une oreille attentive, on m’a recommandé de vous écrire.

Comme vous le savez, les temps sont durs au Nigeria. Agé de vingt-cinq ans, je dois, depuis la mort de mon père, subvenir aux besoins de ma famille.

Mais malgré mon diplôme, je ne trouve pas d’emploi. Pour couronner le tout, ma petite amie, fatiguée d’attendre le mariage de ses rêves, vient de me quitter.

Alors j’ai décidé de me tourner vers mon oncle Boniface, alias Cash Daddy. Il n’est pas très cultivé, ni très raffiné, mais c’est un homme puissant et respecté dans la région.
Il m’a proposé de me lancer dans le 419, vous savez, ces e-mails d’appel à l’aide dont le but est d’extorquer des fonds à des étrangers crédules.

Sans doute en avez-vous déjà reçu vous-même ? J’ai beau être un garçon honnête, je me suis aperçu que j’avais un vrai talent pour la cyberarnaque. Et que cela était très lucratif.

Mon ami(e), je vous le demande, prenez le temps de me lire et de découvrir mon histoire. Je suis sûr qu’elle ne manquera pas de vous amuser, et peut-être même, parfois, de vous émouvoir… » – Votre très dévoué Kingsley.

Née au Nigeria en 1976, Adaobi Tricia Nwaubani est titulaire d’un diplôme de psychologie. Je ne viens pas à vous par hasard est son premier roman.

Avis de Claire

Adaobi Tricia Nwaubani écrit depuis l’âge de dix ans. C’est donc tout naturellement qu’elle a publié ce premier roman [[elle travaille actuellement à l’écriture du second]], salué par le Washington Post. Selon elle, il est temps pour les Africains de faire face à la dure réalité de la source de leurs problèmes : la corruption, la pauvreté, les résidus du colonialisme… mais le tout avec beaucoup d’humour !

Le roman commence avec l’histoire assez remarquable des parents du héros, Kingsley Onyeaghalanwanneya Ibe, son père Paulinus a fait du chantage à sa mère Augustina, il l’épouse si elle fait des études à l’université… On comprend toute de suite que l’on n’aura pas affaire à une famille ordinaire.

Premier-né d’une famille aimante, mais plutôt modeste, du Nigéria, le jeune homme, malgré de bonnes études, a du mal à trouver un travail. A la mort de son père, il doit venir en aide à sa famille. Las d’attendre un potentiel emploi dans une compagnie pétrolière, il se tourne vers la famille.

A l’aide de son tonitruant oncle Boniface, surnommé Cash Daddy, il intègre un réseau très spécial d’arnaques sur internet. Kingsley doit piéger des mugus (pigeons) partout sur la planète. Au début, tout lui paraît presque irréel, il ne s’agit que d’adresses mails, de correspondants anonymes…

L’auteur nous offre là les passages les plus drôles du livre, avec les suppliques destinées à piéger les crédules, et les réponses de Kingsley, qui révèle un véritable talent en la matière. Il s’agit de la fameuse fraude 419, également appelée « arnaque nigériane »[[c’est l’une des escroqueries les plus répandues sur Internet. La dénomination 4-1-9 vient du numéro de l’article du code nigérian sanctionnant ce type de fraude]].

Contre la promesse de toucher une petite fortune en échange d’un service, le gogo occidental croit faire d’une pierre deux coups, faire une « action humanitaire » et aider à débloquer une somme d’argent dûment gagnée [[d’après l’auteur, toutes les arnaques évoquées dans le roman sont authentiques, même les plus farfelues]].

Les noms de pigeons sont un clin d’oeil comique à une Amérique bien pensante, ils s’appellent Edgar Hooverson ou Condoleezza… Robins des Bois des temps modernes, ces petits escrocs doivent cependant jongler avec un équilibre des choses fragile…

Un livre au ton original, drôle et émouvant à la fois, qui révèle en filigrane une Afrique qui n’en a pas fini de subir les injustices. Adaobi Tricia Nwaubani souhaite continuer à écrire pour influencer la jeunesse d’Afrique à penser différemment. Le changement est nécessaire pour avancer, nous prenons le pari qu’avec ce premier roman, elle va marquer son époque !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 462
Editeur : Presses de la Cité
Collection : Grands romans
Sortie : 20 octobre 2011
Prix : 21,50 €