Interview de Michael Levy

Onirik : Je découvre votre livre (Vivre une mort), pouvez-vous m’en dire quelques mots ?

Michael Levy : Ah d’accord, c’est le livre qui vous intéresse ?

O : Pas seulement, mais nous pouvons commencez par là.

ML Que voulez-vous que je vous dise sur ce livre, il y a tant de choses à dire…

O : Vous l’avez écrit, c’est donc par rapport à votre vie ?

ML : Oui

O : Selon le titre du livre, vous avez eu un problème qui vous a mené jusqu’à un point de non-retour ?

ML : Oui, j’ai vécu un choc affectif. Il s’agissait d’une rupture sentimentale que je n’ai pas acceptée. J’ai décidé de me laisser mourir car je n’avais pas le courage de me suicider. Et je suis passé par plusieurs étapes. Ce livre je l’ai écris un petit peu comme une thérapie. Ca m’a fait énormément de bien car je croyais étrangement avoir été le seul à vivre un choc si violent. Ce qui n’est pas le cas. Je me suis laissé mourir dans tous les recoins de mon âme, de mon corps. Je ne m’alimentais plus, je ne me lavais plus, je ne me rasais plus… J’ai intitulé mon récit Vivre une mort, car j’avais besoin peut-être de mourir à ce moment là pour pouvoir vivre, mais attention, sans faire aucun amalgame avec la réincarnation. Aujourd’hui, je dis que cette vie est comme une résurrection

O : Diriez-vous que cette expérience douloureuse vous a apporté un plus dans votre vie, où s’agit-il pour vous d’une continuité de votre expérience.

ML : Cette expérience m’a permis de comprendre….

O : Votre don de médium vous est venu à ce moment là ou datait-il d’avant ?

ML : Ce don est quelque chose de beaucoup plus ancien. Mais comme à ce moment là, j’étais très mal dans ma tête, je ne pouvais pas, moi, donner aux autres. Bien que lorsqu’on souffre, on devrait pouvoir minimiser son mal en s’imprégnant de la douleur des autres. Mais je n’en ai pas eu le courage, je n’en avais pas la force.

La médiumnité n’a rien à voir avec ça, c’est quelque chose que j’ai vécu très jeune, qui m’a accompagné, mais je n’en ai pas toujours fait un métier.

Pour en revenir au livre, je raconte que je n’en ai pas toujours vécu de mon don car j’avais le sentiment de ne pas être à ma place. Mon histoire a été jugée émouvante par mon éditeur et même Brigitte Bardot qui a écrit la préface car je me livre, je me déshabille corps et âme. Et je n’ai pas honte de dire que je me suis prostitué. Pourquoi ? Parce que je pense qu’on est obligé de passer par certaines étapes pour pouvoir réaliser sa propre vie et on est souvent tous amenés à vivre un peu comme des automates, on rentre dans un système où nous ne sommes pas à notre place.

Il y a des gens qui ont la chance d’avoir une passion et d’en vivre. Ma passion c’est les animaux, mais ça ne me fait pas vivre, ça ne me donne pas un salaire. Mais ça reste très important pour moi car quand je suis mal, je trouve refuge auprès des animaux. J’aime tous les animaux de la Terre, mais particulièrement les éléphants car c’est l’animal qui ressemble le plus à l’homme. Pas par son apparence, bien sûr, mais par son attitude maternelle avec son bébé, et c’est un animal qui sert à tous les autres animaux de la savane ou de la forêt car avec sa trompe, il peut puiser l’eau là où les autres n’en trouve plus en période de sécheresse, il est un maillon de la chaîne naturelle indispensable. Pour les approcher je suis reparti au Sri Lanka, à une période où j’étais très mal dans ma vie en me rappelant y avoir été heureux, et j’ai trouvé des réponses à mes questions en partie grâce aux éléphants, mais aussi par rapport à tous les éléments qui composent ce pays, les fleurs, le bouddhisme…

Je me suis mis à cette philosophie car j’y ai trouvé beaucoup de vérités, beaucoup de tolérance envers l’autre et je trouve que toutes les religions sont respectables mais le bouddhisme est ce qui me correspond le plus. Je suis normalement de confession juive, mais ça ne colle pas avec moi.

O : Est-ce le jugement qui ne « colle » pas ? Notamment par rapport à la condamnation du voyant[[Esaie 47/13. Tu t’es fatiguée à force de consulter : qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent ceux qui connaissent le ciel, qui observent les astres, qui annoncent d’après les nouvelles lunes ce qui doit t’arriver.]] ?

ML : Non, car ça c’est encore très complexe, car par exemple les rabbins consultent (NDR : c’est à dire font des consultations), ils ne le disent pas et ils prennent très chers ! Et normalement une religion ne doit pas faire de différence entre les pauvres et les riches. Une autre religion, le catholicisme a été plus puissante que la royauté à une époque.

O : On l’a dit toujours aussi puissante notamment avec les banques liées à la mafia…

ML : Oui, tout à fait. Je suis d’accord avec vous. C’est pourquoi, j’apprécie le bouddhisme qui est une religion qui ne vous oblige en rien. C’est une philosophie dont vous pouvez prendre le meilleur… Vous n’êtes pas obligé de respecter tout. Il y a tellement de vérités qui sont prouvées, qu’on est obligé d’y croire. C’est pourquoi vous verrez tous ces objets d’inspiration orientale sur mon stand.

O : Vous êtes médium et vous vous appuyez sur aucun support. C’est à dire que vous avez des flashs ?

ML : Oui, mais je n’aime pas le mot « flash »

O : Quel mot préférez-vous ?

ML : Des images, des symboles. Évidemment, je vous ai en face de moi et je vois des symboles pour vous, mais ce n’est pas tout. Si la personne derrière vous a les mêmes symboles, ça ne voudra pas dire la même chose. ça dépend aussi beaucoup de la personne qui est face à moi. J’utilise aussi l’aspect. L’aspect c’est important.

O : Le relationnel, vous l’utilisez aussi ?

ML : Non, car je ne veux pas que la personne parle. Je ne m’imprègne que du regard. L’intonation de la voix me sert qu’au moment où je lui propose de me poser une question que l’on développera. C’est surtout le regard qui m’intéresse. Lorsqu’on est un peu observateur, on lit beaucoup de choses dans un regard. Sans être voyant, sans être médium.

O : Avez-vous une explication de pourquoi vous avez ce talent « parapsy », qui est plutôt unique (bien qu’ici au Salon vous ne l’êtes pas !)

ML : Sans le vouloir vous dites quelque chose de très très vrai. Cela fait 18 ans que je consulte, j’étais l’un des rares à indiquer sans support*, chose que je n’avais jamais vu auparavant. Les années ont passé et je le vois partout. Certains disent qu’ils sont sans support, c’est pas compliqué, il suffit de regarder sur leur table pour voir si c’est vrai ou pas. Beaucoup de gens galvaude ce métier. Il faut également un certain charisme, si vous êtes venu à moi c’est également pour cette raison.

O : Effectivement. Votre assistante a un visage très avenant et vous inspirez une certaine sympathie. De plus vous dégagez une certaine sensibilité.

ML : On ne plaît pas à tout le monde, il y a un côté feeling également, c’est un tout et pas seulement quelques talents pour la divination. Donc je pense qu’il y a beaucoup de gens qui galvaudent ce métier et c’est pour ça que l’on est souvent pris pour des charlatans. Car certains ne le font pas avec une bonne conscience professionnelle.

O : Lorsque vous avez quelque chose de dur ou de désagréable à dire à quelqu’un, comment faites-vous ?

ML : D’après-vous ? Est-ce que je vous donne l’impression de mâcher mes mots ?

O : Non.

ML : Je dis ce que je vois. Si la personne ne l’accepte pas, c’est tant pis pour elle. Ce n’est pas tant pis pour moi. Je peux d’ailleurs être assez vindicatif. Comme en général on revient me voir, c’est que ça plaît.

O : Et vous, supportez-vous la douleur des autres ? Avez-vous une empathie avec les autres ou la rejetez-vous ?

ML : J’essaye de bifurquer, il y a des manières de dire les choses. C’est comme ce couple que j’ai fait attendre pour vous répondre, j’ai des choses terribles à leur dire, mais je ne vais pas leur dire d’une manière brutale, je veux parler pour qu’ils prennent les choses au mieux.

O : Savez-vous d’où vous vient votre talent ? Une explication religieuse, spirituelle ?

ML : Non, je ne sais pas, mais je pense pas que ce soit héréditaire.

O : Merci pour le temps que vous avez bien voulu nous donner.

(Nous avons terminé la discussion en parlant des éléphants et des animaux !)

Interview recueillie par Valérie Revelut et David Lapetina

*Support : le voyant utilise un support quelconque pour canaliser son inspiration, cela peut-être une boule de cristal, un jeu de tarot ou de cartes, des mancies différentes comme le café, le thé, les lignes de la main…

Vivre une mort de Michael Levy

Langue : Français
Éditeur : Société Ecrivains Associes
Date de sortie : 20 février 2003
ASIN : 2748007999