Foujita, peindre dans les années folles – Avis +

Présentation officielle

Du 7 mars au 15 juillet 2018, le Musée Maillol à Paris, présente une exposition consacrée à l’artiste japonais, naturalisé français, Léonard Tsuguharu Foujita. Plus d’une centaine d’oeuvres majeures, issues de collections publiques et privées, retracent le caractère exceptionnel des années folles de Foujita à Montparnasse, entouré de ses amis Modigliani, Zadkine, Soutine, Indenbaum, Kisling ou Pascin. L’exposition se concentre sur la première période parisienne de l’artiste, très productif entre 1913 et 1931.

L’exposition retrace l’histoire d’un destin unique, celui d’un artiste évoluant entre deux cultures. De ses prémices au Japon, en passant par son ascension et la révélation de son oeuvre, son parcours le mènera jusqu’à la création de ce personnage si singulier dans le contexte parisien des années folles. Ses thèmes récurrents – femmes, chats, natures mortes, enfants et autoportraits – sont spécifiques du foisonnement de sa production artistique. Foujita traverse les grands courants modernistes sans dévier de son schéma de recherche, respectueux de ses racines japonaises et du classicisme des grands maîtres occidentaux.

Ses oeuvres en appellent d’autres, celles de ses voisins d’atelier, ses amis, admirateurs et inspirateurs, pour un dialogue enrichissant permettant de mesurer l’originalité et la complémentarité des artistes regroupés sous l’appellation « École de Paris ».

Les oeuvres majeures en provenance d’institutions et de musées remarquables et une centaine d’oeuvres rares de quelques 45 collections privées en provenance du Japon, des États-Unis et d’Europe, concourent à souligner à la fois l’extraordinaire génie créateur de Foujita et à inviter le visiteur à découvrir l’intimité d’un artiste surprenant. Les deux diptyques monumentaux, Combats I et II et Compositions au lion et au chien datés de 1928, prêts du Conseil Départemental de l’Essonne, coeur des Années Folles et de l’exposition, démontrent la puissance virtuose de Foujita et l’impact qu’il eut sur son époque. Ces grands formats, confiés par Foujita à sa femme Youki, étaient considérées par l’artiste comme ses tableaux les plus aboutis.

L’exposition démontre le talent de l’artiste fou de dessin qui, après son illustre prédécesseur Hokusai, maniait le pinceau avec brio. Le trait de Foujita se révèle d’une sûreté infaillible et ses lignes d’une finesse calligraphique exemplaire avec l’utilisation du sumi (encre noire japonaise) autant sur le papier que pour ses huiles. Il laisse à la couleur un rôle secondaire mais si décisif qu’elle en sublime le trait. La délicatesse de la gouache et de l’aquarelle emplit les formes par aplat, pour des transparences subtiles lorsqu’il s’agit de peinture à l’huile. Ses fonds d’or renforcent quant à eux l’impression de préciosité et de raffinement.

Avis de Claire

Le musée Maillol nous offre une incroyable rétrospective sur le peintre japonais Tsuguharu Foujita, à travers quelques 100 tableaux et aquarelles qui ont marqué ses années parisiennes. Mort il y a tout juste 50 ans, ce dandy (il cousait ses propres vêtements en mariant la mode orientale et occidentale) naturalisé français et converti au catholicisme sur le tard, il se fera appeler Léonard (en hommage à De Vinci), était très certainement l’élément le plus original et le plus iconoclaste de ce que l’on a appelé « L’Ecole de Paris ».

Passionné par la France depuis son plus jeune âge, il apprend le français bien avant de faire le voyage. C’est également en France que son talent explose et s’expose. Nous sommes en 1913, au bord d’un chaos mondial qui s’ignore encore, le peintre a 27 ans. Ses amis se nomment Modigliani, Soutine… Ils traînent dans les brasseries de Montparnasse le jour et travaillent la nuit. Son style japonisant se mélange à la perfection au bouillonnement créatif parisien.

Dans ses oeuvres, on devine à la fois le déchirement de la séparation avec son Japon natal, ses états d’âme, son univers intime, et sa légendaire mélancolie. Le trait fin, l’extrême pâleur des corps, la palette de couleurs minimaliste, tout rappelle l’Orient et son style épuré. Emile Henriot[[Poète, écrivain et critique littéraire]] écrit, et à juste titre, « il n’a l’air de ne toucher à rien, de promener la pointe d’un crayon bien taillé sur la toile, mais ce trait a une sûreté, une exactitude de compas« . On ne saurait mieux dire.

A découvrir, dans le superbe écrin du Musée Maillol, jusqu’au 15 juillet. Notez que 2018 c’est aussi l’Année du Japon en France, n’hésitez pas à consulter le site de la Maison de la Culture du Japon à Paris.

Fiche technique

Adresse : Musée Maillol 59/61, rue de Grenelle 75007 Paris

Téléphone : 01 42 22 59 58

Horaires : Ouvert de 10h 30 à 19h, sauf vendredi jusqu’à 21h30

Tarifs : De 11 à 13 € (moins de 11 ans, gratuit)