Filles d’Irlande – Avis +

Présentation

Les deux histoires rassemblées dans ce volume mettent en scène deux Irlandaises passionnées, deux cousines orgueilleuses et rebelles, comme la terre sauvage qui les a vues naître… Sur le point de quitter l’Irlande pour s’installer en Amérique, Adelia craint de ne jamais se sentir chez elle de l’autre côté de l’océan. Pourtant, dès son arrivée au haras de Royal Meadows où elle va vivre désormais, une sensation de bonheur intense la submerge. Tout ici l’émerveille et la charme : les pâturages où galopent les pur-sang, la magnifique demeure qui se dresse au centre de la propriété… Et même le propriétaire des lieux, Travis Grant, homme solitaire et ténébreux qui l’enveloppe parfois d’un regard troublant… Susan, sa cousine, aime sa terre natale plus que tout. Et pourtant, elle sait que son destin est ailleurs. Car une ambition folle l’anime, et elle cache au fond de son cœur des rêves secrets. Des rêves qui prennent vie le jour où elle reçoit la visite d’Adelia, accompagnée de son ami Burt Logan. Car dans le regard de Burt, qui s’attarde sur elle avec une incroyable audace, elle devine de la curiosité, du désir, et comme une promesse de bonheur et de liberté…

Avis de Marnie

Sous ce titre Filles d’Irlande, se cachent le premier roman écrit par Nora Roberts Irish thoroughbred, en 1981, qui nous raconte la venue d’Adelia en Amérique, paru sous le titre L’invitée irlandaise en 1982 (collection Duo) puis en 2006 (Harlequin) sous le titre Un coeur irlandais. Irish rose écrit en 1988 qui a pour héroïne la cousine d’Adélia qui émigre à son tour neuf ans plus tard, est paru en 1989 sous le titreL’irlandaise dans la collection Duo.

Le ton entre les deux est très différent. Si la première histoire est centrée sur la découverte émerveillée d’Adelia, ses réactions, son enthousiasme, et son tempérament irlandais hors normes, avec une fraîcheur guillerette très réjouissante, la maturité de l’écrivain transforme peu à peu cette nouvelle histoire d’émigration en intrigue sentimentale plus sombre et complexe.

Susan est nettement moins lumineuse et enjouée qu’Adelia. Cette jeune Irlandaise n’aspire qu’à une chose, partir de son village natal et connaître la même bonne fortune que sa cousine… et quand nous parlons de bonne fortune, certes, elle aspire sans aucun complexe à une vie meilleure où elle gagnerait « royalement » sa vie. D’un simple regard, le riche voisin de Travis et Adelia a tout compris des rêves secrets de la jeune femme. C’est normal, il se reconnaît totalement en elle ! Lui-aussi a eu une enfance où il ne mangeait pas à sa faim… Il lui propose un travail et sans aucun scrupule, avec une évidente mauvaise pensée, plus puisqu’il y a affinités.

C’est certainement cet aspect moins rose et jubilatoire qui constitue tout le sel de ce roman. Plus terre à terre, cyniques et sans illusion, nos héros, éprouvant une vraie attirance, ne croiront pas une seconde que l’autre ressent la même chose… De là, les malentendus s’accumuleront ! Il est un peu dommage que Nora Roberts semble ne pas avoir osé aller jusqu’au bout de sa première idée, des héros moins sympathiques, privilégiant l’argent, la sécurité et pour qui l’amour n’est pas la solution de tout ! Bien que ténébreux et inquiétant, Burt Logan est un héros original et étonnant, cependant, c’est sa vulnérabilité qui ressortira en seconde partie alors que la jeune femme tombe amoureuse rapidement et oublie vite ses idées de réussite sociale ! Le revirement est un peu trop radical, et nous sentons que Nora Roberts souffre d’un nombre de pages trop limité.

Hormis ce réel problème, cette histoire assez émouvante se laisse lire sans aucun ennui. Ce déracinement vu par deux Irlandaises au tempérament fort différent est partagé par le lecteur… l’espoir, mais aussi le vague à l’âme, le déchirement de ces deux femmes qui choisissent de ne plus regarder en arrière et se forcent à trouver leur chemin est fort bien vu. Il est juste à noter ce regard très américain sur l’Irlande… où l’on se croirait au 19ème siècle au temps de la maladie de la pomme de terre où la famine tua un nombre impensable de pauvres gens ! Par contre, la description de la vie des haras est contée avec fougue et admiration, ce qui nous entraîne dans cette vie idyllique à l’américaine qui nous fait souvent rêver, nous européens… alors, laissons-nous emporter !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 395
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 août 2008
Prix : 10,95 €