Féroces – Avis +

Présentation de l’éditeur

Les Goolrick étaient des princes. Et tout le monde voulait leur ressembler. C’étaient les années 50, les femmes se faisaient des coiffures sophistiquées, elles portaient des robes de taffetas ou de soie, des gants et des chapeaux, et elles avaient de l’esprit. Les hommes préparaient des cocktails, des Gimlet, des Manhattan, des Gibson, des Singapore Sling, c’était la seule chose qu’ils prenaient au sérieux.

Dans cette petite ville de Virginie, on avait vraiment de la classe, d’ailleurs on trouvait son style en lisant le New Yorker. Chez les Goolrick, il y avait trois enfants, tous brillants. Et une seule loi : on ne parle jamais à l’extérieur de ce qui se passe à la maison. A la maison, il y avait des secrets. Les Goolrick étaient féroces.

Avis d’Enora

Ce roman ouvertement autobiographique commence lors de l’enterrement du père décédé six mois après son épouse. Les souvenirs remontent… l’enfance en Virginie dans les années 50, une famille unie, un cadre idéal bourgeois, des gens charmants, des enfants brillants. Et pourtant le narrateur est empli d’une rage et d’une haine que même le fait de piétiner la tombe fraiche, n’apaise pas. Progressivement va se dérouler le fil rouge de la mémoire, fil rougi du sang d’un enfant de quatre ans en cette nuit maudite du 6 septembre 1952.

Ce roman est le récit hanté d’une enfance volée et d’une vie détruite. Superbement construite et sans aucun pathos, l’histoire commence dans une petite ville du sud des Etats-Unis dans les années 50, dans une société où les apparences comptaient avant tout. Ce qui appartenait à la vie domestique devait rester cacher, le manque d’argent, les disputes, le déchirement des couples, l’alcoolisme et autres secrets de famille. Et puis, presque sans y toucher, le récit s’émaille d’indices et glisse, dans le dernier tiers, vers le drame enfin révélé.

Avec pudeur, l’auteur cherche à comprendre le changement de comportement et la cruauté morale qu’ont eus ses parents vis-à-vis de l’enfant qu’il était : Il était devenu une source de danger qui pouvait faire basculer le monde d’illusions qu’ils s’étaient créés. La peur a fait cristalliser sur l’enfant, la haine qu’ils avaient d’eux, le condamnant à chercher toute sa vie l’amour à travers diverses addictions et l’enfonçant dans une solitude sans fin.

Profondément émouvant parce qu’écrit avec pudeur et finesse, ce récit dévoile par petites touches les fractures intimes de l’identité jusqu’au bouleversant dernier chapitre où la souffrance déferle comme une lame de fond. Sublime !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 255
Editeur : Anne Carrière
Sortie : 26 aout 2010
Prix : 20,50 €