Félix et Meira – Avis +

Présentation officielle

Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache. Son seul souci, dilapider l’héritage familial.

Elle est une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’un enfant, s’ennuyant dans sa communauté.

Rien ne les destinait à se rencontrer, encore moins à tomber amoureux.

Avis Marielle

Même si tout semble les opposer, Meira et Félix ont un point commun, l’amour du dessin. Meira, malgré le fait que le dessin ne se pratique dans la communauté hassidique que jusqu’à la fin de la petite enfance, continue à exercer cet art, certainement pour prolonger cette enfance insouciante. C’est cette transgression qui permettra à ces deux êtres de se rencontrer.

Le réalisateur, Maxime Giroux, n’a pas voulu faire un film romantique. Son intention première est de pénétrer le milieu hassidique particulièrement fermé pour mieux le comprendre. Il a longtemps cotoyé ses membres dans le quartier d’Outremont, à Montréal, sans jamais pouvoir communiquer avec eux. Le tournage du film a été une occasion fantastique d’en connaitre les mœurs et la culture.

Cette communauté fait montre de générosité dans son cercle familial élargi, d’une vraie solidarité et d’une spiritualité élevée. En revanche, la place de la femme est restreinte, son rôle, après un mariage contracté très tôt, est de faire beaucoup d’enfants. Elle n’a pas accès à l’’éducation, ni intellectuelle, ni spirituelle, domaines réservés aux hommes.

Le regard du réalisateur sur cette communauté est bienveillant, sans jugement, sans a priori. Si Meira doit subir l’exclusion, son mari trompé montre une belle grandeur d’âme, beaucoup d’altruisme et d’amour envers sa femme, malgré sa souffrance.

Le monde extérieur à la communauté – tel qu’on le voit dans le film – n’est pas tellement plus attirant : désœuvrement, ennui, extrême solitude, comme si la liberté avait un prix exorbitant. Prix que, dans la réalité, certains anciens membres de la communauté ont dû payer aussi après l’avoir quittée : pauvreté, vie marginale, sans abri, pouvant même aller jusqu’au suicide. Il est terriblement difficile de passer d’un monde à l’autre.

Certains comédiens, dont le mari de Meira – Luzer Twersky – sont des anciens de cette communauté hassidique ; leur vécu fait passer un sentiment d’authenticité dans leur jeu. Le jeu des autres comédiens est également très bon, dont les deux principaux : Martin Dubreuil et Hadas Yaron.

Félix et Meira est un bel ouvrage, traité avec humanité, et sobriété. On ne saurait trop recommander d’aller le voir. Son prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto en couronne la grande qualité.

Fiche technique

Genre : drame

Avec Martin Dubreuil, Hadas Yaron et Luzer Twersky

Prix : Meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto

Durée : 105 minutes

Sortie : 4 février 2015