E-ciné : Même pas mal – Avis +

Présentation officielle

A l’heure d’été, quais de Seine. Sur le pont d’une péniche, on y danse, on y parle fort, et on y fait des pâtes. Bref on y fête le retour de Tina. Le rythme est ainsi donné au petit groupe d’amis réuni pour « l’occas’ » : Béa, Greg, Violette, Lucas et Fab. Très vite l’amour s’en mêle, les emmêle et les ligote. Et tout ce petit monde commence sérieusement à avoir des gueules de néon.

Avis de Chris

Même pas mal est un film réalisé par Jérémy Trequesser et Maxime Roy. Ils ont tous deux monté la société de production Nouveau Cri où ils ont produit de nombreux courts-métrages. Ils ont choisi un thème universel : l’amour, pour ce premier long-métrage ensemble. Ici, il est représenté par de jeunes adultes parisiens qui comblent leurs désirs comme ils peuvent.

On y découvre une bande d’amis aux personnalités différentes et explosives qui se rejoignent sur la péniche de Béa pour faire la fête. Cette dernière n’est pas très à l’aise concernant ses camarades qui chamboulent son espace de vie, créant de multiples disputes qui s’envenimeront jusqu’à l’apparition de Tina, une amie qui n’avait plus donné de nouvelles depuis un an.

L’euphorie des retrouvailles est palpable. D’ailleurs, la caméra se fait plus discrète lorsque la musique prend le pas sur les conversations. C’est un tel contraste avec les moments moins joyeux, mais tellement bruyants, où la musique peine à couvrir les discussions animées.

C’est donc presque à travers le regard de Tina que l’on comprend où tentent de nous amener les réalisateurs. La première heure du film décrit la vie de ces jeunes, en mal de désirs, qui recherchent de l’affection, sans savoir où et pourquoi le spectateur les suit. Mais au fur et à mesure, certains thèmes comme le « consentement » ressortent.

Aucun d’eux ne semble comprendre ce mot que ce soit en amour, mais aussi à travers diverses situations anodines. D’ailleurs, le mot « arrête » est très souvent répété comme un écho à leur vie en perpétuel mouvement qui ne demande pourtant qu’à se poser. Cela amène inexorablement à des disputes et des incompréhensions qui, elles-mêmes, amènent de nouvelles disputes. C’est un cercle vicieux sans fin, ou presque.

Avec des acteurs quasiment inconnus du cinéma, le film se targue de talents bruts qui rendent à Même pas mal une intensité rarement égalée dans le cinéma indépendant français. Les personnages sont aussi réels qu’envoûtants, menés par un jeu particulièrement bon et naturel tant l’alchimie des acteurs est notable.

De plus, les dialogues coulent de source et certains passages sont particulièrement bien écrits. Lors des nombreuses engueulades qui ont lieu tout au long du film, le spectateur ressent le malaise comme s’il faisait partie de la bande, comme s’il était à l’intérieur même des vies de ces protagonistes hauts en couleur.

Enfin, avec un retournement de situation à la fin, le film est une ode à une partie de la jeunesse parisienne à qui rien ne peut être refusé. Néanmoins, on peut se demander si ce film n’idéalise pas certaines situations, comme à la station essence, qui paraît peu probable dans la réalité d’aujourd’hui.

Cette bande de jeunes semble vivre dans une bulle qui leur appartient, sans se poser de questions sur le monde qui les entoure, ni les dangers qui pourraient survenir. Pour un premier long-métrage, le pari est réussi.

Fiche technique

Sortie : 19 février 2018
Durée : 92 minutes
Avec : Franck Buirod, Viktoria Kozlova, Tatiana Spivakova, Loïc Riewer, Guillaume Pottier, Elsa Guedj…
Genres : Drame, Romance
Distributeur : UniversCiné