E-ciné : Krisha – Avis +

Présentation officielle

Les fêtes de fin d’année sont l’occasion pour les familles de se retrouver. Krisha décide de rendre visite à la sienne avec laquelle elle a rompu les ponts il y a des années pour essayer de les convaincre que, malgré son instabilité psychologique, elle a bien changé.

Avis de Chris

Le film dépeint le portrait d’une femme désœuvrée dont la vie n’a pas été de tout repos. Prête à faire amende honorable auprès d’une famille aimante, mais non moins méfiante, Krisha, l’héroïne du film éponyme, va peu à peu retomber dans ses travers jusqu’à un final explosif.

Dès les premières secondes du film, la caméra suit l’héroïne comme son ombre. Un quasi huis clos, où tout le drame se joue dans la maison familiale, le fait que la caméra nous montre en premier lieu Krisha de dos fait un parallèle sur la vie qu’elle a laissée derrière elle, enfin prête à faire table rase du passé. Le spectateur entre alors avec elle, dans une maison chaleureuse et animée qui ne semble pas pour autant ravie de revoir en son sein cette femme marquée.

Petit à petit, le spectateur sent qu’un drame va se produire, qu’un secret va être révélé et fera sans doute grand bruit. Même s’il était attendu, ce secret reste assez peu original, mais ne dénote pas avec la banalité de la famille. N’importe qui aurait pu vivre ce qu’a vécu les protagonistes et c’est peut-être ça la force du film, nous rapprocher de ces personnages aussi classiques que réalistes.

Avec des acteurs qui jouent parfaitement bien leur rôle, l’émotion est le fin mot de cette histoire lente à se développer, mais intense. Krisha FairChild est une actrice hors pair qui nous plonge dans diverses émotions. Néanmoins, les autres acteurs, notamment le cinéaste lui-même, ne sont pas en reste.

Ce film retrace donc la vie d’une famille tout ce qu’il de plus banale, à travers les yeux d’une héroïne marquée par le temps et la vie, avec ces secrets et ses désirs non avoués. Le cinéaste permet au spectateur de s’identifier aux personnages en les présentant de nouveau à la matriarche.

De plus, le travail de la musique de Brian MComber donne au film une ambiance particulièrement déroutante, notamment dans la première moitié du film. La musique reflète le malaise de cette héroïne qui aurait sans doute préférée être ailleurs, mais qui, pour soigner son âme, se devait de faire face aux personnes à qui elle tient le plus : sa famille. Plus les sons s’intensifient, plus le malaise s’installe dans la tête de Krisha. Dès qu’elle se retrouve, la mélodie aux diverses sonorités ethniques se calme, jusqu’à disparaître complètement lorsque cette soixantenaire semble reprendre le dessus sur sa vie.

Quant à la caméra, elle balaie sans cesse l’intérieur de la demeure comme si son personnage ne savait plus où donner de la tête. D’ailleurs, à de rares moments d’égarement, la caméra tourne sur elle-même comme un parallèle à l’étourdissement dû à tous les stimuli qui entourent cette femme. Lors de rares moments de discussions, la caméra reste intimiste, presque cachée et statique, pour laisser les individus s’exprimer, ce qui donne à ces scènes une grande force émotionnelle.

Pour son premier long-métrage, Trey Edward Shults marque les esprits en abordant un thème universel qui touche tout le monde de près ou de loin. L’émotion se développe à mesure que les personnages se dévoilent, et même si le final était attendu, ce film reste une réussite tant dans son écriture que dans sa réalisation.

Fiche technique

Sortie : 19 janvier 2018
Durée : 83 minutes
Avec : Krisha Fairchild, Trey Edwards Shults, Olivia Grace Applegate, Alex Dobrenko, Chris Doubek …
Genres : Drame
Distributeur : E-CINEMA.com