Du sang sur Vienne – Avis +

– La victime est de sexe féminin, mesure neuf mètres et pèse environ deux cent cinquante kilos. On l’appelle Hildegard, et il paraît que c’est une favorite de l’empereur.

Pour l’inspecteur Rheinhardt et le psychiatre Liebermann l’assassinat d’un anaconda au zoo de Vienne n’est que le début de crimes qui vont ensanglanter la Vienne de 1902. Très vite des meurtres aussi sanglants que ceux de Jack l’éventreur se multiplient. Alors que Rheinhardt recherche des suspects, Liebermann s’interroge sur une éventuelle symbolique.

Leur enquête les mènera jusqu’aux égouts de Vienne qui hébergent toute une population. Et si les deux héros évoquent les Morlocks du récent roman d’H.G.Wells « La Machine à remonter dans le temps (1895), un lecteur plus moderne se rappellera le film Le Troisième homme (1949) de Carol Reed avec Orson Welles.

Alors qu’en ce début du XXe siècle on découvre des inventions comme l’aspirine et la torche électrique, l’auteur nous présente différents aspects des mentalités au sein de la capitale de l’empire austro-hongrois. L’antisémitisme et la xénophobie s’affirment alors que des théoriciens développent le thème d’une grande alliance nordique des peuples germaniques. Les sociétés secrètes sont discrètes mais bien présentes, tandis que la Franc-maçonnerie est interdite et que les enquêteurs se penchent sur la signification de la svastika. L’un des suspects étant un peintre autrichien médiocre, il est difficile de ne pas songer au nazisme qui trente ans plus tard sera fondé par Adolphe Hitler, ce dernier ayant dans sa jeunesse quelques prétentions artistiques.
L’auteur semble présenter le tableau psychanalytique d’une société dont le potentiel dans l’hystérie de masse meurtrière se manifestera dans quelques décades.

Parallèlement, on nous présente l’évolution de la vie privée de Max Liebermann et une intrigue parallèle en apparence assez curieuse. Il s’agit d’un duelliste qui après s’être intéressé à des femmes mariées (séduction, bien que le viol soit envisagé par un des maris) élimine l’époux offensé par un duel que la future victime a réclamé. On pourrait envisager qu’il s’agit d’une mentalité criminelle assouvissant ses instincts charnels, puis homicides, son habileté aux armes lui garantissant sa survie et la mort de sa cible.

Ce qui est intéressant, c’est la méthode utilisée pour s’en débarrasser. Point de loi ou d’autorité policière : la ruse et l’intelligence sont utilisées pour éliminer celui dont la société approuve les actes. Cette approche est semblable à celle utilisée dans le tome suivant pour neutraliser un tortionnaire xénophobe. Cette fois la méthode utilisée sera plus simple : une saine violence.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 441
Traduction : Michèle Valencia
Edition : 10-18
Collection : Grands détective
Sortie : janvier 2007
Sortie : Vienna Blood
Prix : 8,60 euros
Inédit, poche, 448 pages