Courting Julia – Avis +

Résumé

Le grand-père par alliance de Julia, orpheline et pauvre et recueillie lorsqu’elle était enfant, meurt en laissant un testament où il est écrit que la propriété, Primrose Park, et de l’argent seront laissés à celui de ses cinq neveux, que la jeune femme acceptera comme mari. Julia a un mois pour se décider, sinon la propriété sera donnée à une oeuvre de charité, et Julia sera obligée de se placer comme gouvernante…

Avis de Marnie

La faiblesse du roman est certainement sa trame des plus classiques, sa richesse, est sans aucun doute, la manière de la traiter. Mary Balogh met en scène les retrouvailles entre plusieurs personnages qui ne se sont pas vus depuis leur adolescence. La situation délicate dans laquelle se débattent soudain les protagonistes, va exacerber les ressentiments et les non dits de leur enfance.

Ce roman régence fait partie de la production légère et quelque peu primesautière de l’auteur. On retrouve toute proportion mise à part, un vrai ton légèrement sarcastique et malicieux s’approchant de celui de Jane Austen, quant à l’étude de caractères. Et des personnages, il y en a…

– Julia est… un garçon manqué. Dotée d’un physique peu à la mode (grande brune, élancée et sportive), impulsive, vive, enjouée, malgré ses 21 ans, elle nage le matin dans le lac près de Primrose Park, grimpe toujours aux arbres, courre comme une gamine… la langue bien pendue, le verbe moqueur, et un franc parler peu commun chez les femmes de cette époque. Son espérance d’un mariage d’amour est contrebalancée par la peur d’être recueillie par charité et très peu d’enthousiasme par un oncle dans le nord, ou bien de devoir se placer comme gouvernante pour gagner sa vie.

– Daniel, 29 ans, le nouveau comte (il hérite du titre de son oncle) n’a pas besoin de la propriété ni de l’argent pour assumer ce rôle, il est le chef de famille, depuis l’âge de 14 ans. En fait, il n’a pas eu d’insouciante adolescence, observant de loin les jeux et sottises de ses cousins et de sa sœur. Dès le début, nous sommes certains qu’il est le seul à ne pas vouloir se marier avec Julia, son but étant de rentrer à Londres le plus vite possible, après les funérailles, pour pouvoir demander la main d’une jeune fille, Blanche, conforme à son idéal de femme : belle, calme, digne et consciente de l’importance de son rang et de ses devoirs.

– Son cousin Frederick se considère lui-même comme un mauvais sujet. A 26 ans, il a perdu une fortune aux jeux, et continue sa vie futile en jouant, passant de femme en femme, sans distinction. Il voit dans cette possible union avec Julia, sa camarade d’enfance, une façon de se tirer d’affaires tout en choisissant une épouse pour qui il a gardé une certaine tendresse. En plus, en incorrigible parieur, il pense avec malice à ce sympathique moyen de gagner contre ses cousins et son frère.

– Se présente aussi le plus âgé des cousins, mais aussi le très timide et lointain Malcolm, 30 ans, dont le caractère chaleureux tout en finesse est un des plus réussis, ses qualités étant peu à peu et très discrètement dévoilées lors de délicieuses discussions avec l’une de ses cousines, Camilla.

– Augustus dit Gussie est le type même de l’éternel adolescent. Il était notamment celui qui était le plus proche de Julia lorsqu’ils étaient enfants. C’est un chien fou… mais également presque un frère pour la jeune femme. Est-ce qu’il pourrait devenir un possible mari dans ces conditions ?

– Enfin, Lesley a le même âge que Julia. Même ses parents le trouvent trop jeune pour penser à convoler. Les quelques pages qui lui sont consacrées soulignent le côté adolescent qui n’a pas fini de murir. C’est un futur charmeur… mais seulement en devenir…

Le livre évolue au fur et à mesure des différentes demandes en mariage, ponctuées de querelles incessantes entre Julia et Daniel. Comme toujours, sous la plume de Mary Balogh, les reproches que se font les héros, sont totalement en adéquation avec l’époque. La jeune femme trouve Daniel, pompeux, coincé et autoritaire. Lui, reproche à sa cousine par alliance, son manque total de pudeur, sa vivacité qu’il juge vulgaire, et ses manières de casse-cou. Mais, il est évident, pour tous les deux, que le problème qui se pose à eux est une profonde attirance physique, tout en se le reprochant avec une franchise déconcertante, liée au fait qu’ils se sont connus enfants. Dans cette atmosphère ouvertement hostile, ces échanges sont vifs et pleins d’esprit, et l’on sent poindre alors une petite réminiscence du célèbre roman Orgueil et préjugés de Jane Austen…

Ce qui pour ma part, m’a le plus passionné, est bien évidemment l’introspection des personnages dont on découvre par petites touches, les réflexions, l’évolution de leurs pensées, de leurs désirs, de leurs besoins. L’auteur met en valeur la nostalgie de l’enfance face aux transformations dues à la maturité et à l’expérience de la vie, aux trahisons qui peuvent en découler, et aux déceptions comme aux découvertes qui surviennent alors… pour effacer des images de joie et de gaité qui laissent place à une certaine gravité mais également à la profondeur et à la chaleur de sentiments d’adultes.

Même si ce n’est pas le meilleur roman de cet auteur, la lecture de cette histoire offre un très joli moment raffiné de marivaudage, de légèreté, de charme, et donc tout ce qu’apporte un “regence” réussi… A noter que le méchant de ce roman sera le héros d’un des inoubliables livres de Mary Balogh Dancing with Clara, autrement plus sombre… et bouleversant. On pourra y retrouver certains des personnages du présent récit, perspective des plus agréables !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 220
Editeur : Signet
Sortie : novembre 1993
Prix : épuisé

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