Centaure – Avis +

Présentation officielle

Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…

Avis de Hirone

Le cheval est les ailes de l’homme

Les chevaux sont pour les Kirghizes la base d’une croyance. Ce sont les animaux qui peuvent mener les hommes au ciel, mais surtout à la liberté. C’est du moins ce à quoi croit profondément Centaure. Centaure, c’est le nom qu’on lui a donné, tout le monde ne le connaît que sous cette appellation du fait de son ancienne proximité avec les chevaux. Maintenant, il vit une vie sans que rien ne perturbe son quotidien. Il a une femme et un fils, sa femme est muette, alors il comble les silences pour habituer son fils à la parole et l’abreuve de ses histoires.

Mais un jour au village, un riche propriétaire se fait voler un cheval. Pas n’importe lequel, un pur sang acheté spécialement pour gagner des courses. Le film nous plonge alors dans un parallèle entre une vie des plus simples de Centaure et de ce propriétaire qui recherche le coupable de vol. Ce dernier a beaucoup de puissance et cela se sent, il joue au voyou et interroge lui-même le premier suspect. Son aspect est peu aimable et il utilise tous les moyens pour mettre la main sur son fameux cheval.

La modernité se confronte alors avec une société qui semble plus traditionnelle. Le réalisateur, Aktan Arym Kubat, montre également les changements de cette société qui font tiquer son œil. Les croyances Kirghizes diminuent face à une nouvelle vague culturelle et c’est quelque chose qui le touche profondément. Il met en scène la place de la religion musulmane dans ces campagnes qui prend de plus en plus de force.

La prise de possession que s’octroient les religieux montre toute l’influence de cette communauté. C’est une culture qui peu à peu en efface une autre, la sienne. Le cinéma est devenue une mosquée, payer pour faire son pèlerinage à la Mecque fait de toi un bon musulman, mais surtout faire ses prières devient une sanction pour ramener l’auteur d’une infraction dans le droit chemin mélangeant ainsi justice et croyance.

L’épouse du héros permet aussi de se confronter à une autre réalité. Les plus attentifs remarqueront en effet que Centaure ne parle pas Kirghize avec elle et qu’elle n’arrive pas à lire cette langue sur les lèvres. Le peuple Kirghize a en effet déjà été confronté à une autre culture et on le comprend d’autant plus en replaçant le pays dans son contexte historique.[[Le Kirghizistan est un ancien pays du bloc soviétique, la langue russe est de ce fait assez dominante. C’est pourquoi il parle en russe avec son épouse car la lecture sur les lèvres ne s’apprend pas en kirghize mais uniquement en russe.]]

Centaure est ainsi un film qui touche à plusieurs sujets. L’histoire sans être exceptionnelle nous transporte, mais il faut avoir en tête que le vol du cheval n’est, finalement, pas ce qui importe le plus. On voit notre héros dans son environnement, il pose parfois des doutes sur son comportement, mais pourtant on s’attache à lui et à sa famille qu’il aime tant.

Les interactions entre les personnages sont également plus profondes qu’on ne peut le penser dans un premier temps et les explications qu’on nous donne permettent de mieux les comprendre. Les croyances et les traditions se mêlent et le tout est porté par des images à couper le souffle. Il y a également un très bon travail au niveau de la mise en scène qui donne de la force au film.

Centaure n’est donc pas un personnage exempt de tout défaut. On n’est pas forcément toujours en accord avec ses réactions, mais il est comme il est. Ce film est finalement beaucoup plus marquant que le postulat de départ, et de nombreuses scènes resteront marquées dans nos mémoires.

Fiche technique

Sortie : 31 janvier 2018
Durée : 90 minutes
Avec : Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova, Bolot Tentimyshov…
Genres : Drame
Distributeur : Epicentre Films