Camille Claudel à Montdevergues – Avis +

Présentation officielle

Peu après la première guerre mondiale on n’entendit plus parler de Camille Claudel.

Beaucoup la croyaient morte et peut-être l’aurait-on oubliée si un professeur d’histoire, Jacques Cassar, lors d’une recherche consacrée à Paul Claudel dans les années soixante-dix, découvre que la soeur de ce dernier avait été internée en asile psychiatrique pendant trente années.

Camille Claudel était elle vraiment malade mentale ? Son état nécessitait-il un enfermement ? A partir de lettres d’origines, l’auteur recherche l’origine de ses troubles.

Avis de Claire

Camille Claudel, artiste, sculptrice, femme passionnée, a vu son destin brisé en plein vol. Enfermée pour cause de « santé mentale défaillante », la jeune femme va finir ses jours à l’asile, quelques trente ans plus tard. C’est sur l’histoire de cet enfermement que revient Michel Deveaux dans son pointilleux essai.

Certes, le sujet est loin d’être facile. Mais pour quiconque a été touché il y a 25 ans par la grâce d’Isabelle Adjani incarnant cette femme allant au bout de ses passions, dans le très beau film de Bruno Nuytten (1988), la vie de cette femme demeure fascinante[[un nouveau film avec Juliette Binoche, tourné par Bruno Dumont va d’ailleurs sortir le 13 février 2013, qui marque les soixante ans de la mort de Camille]].

Michel Deveaux commence par tracer l’historique de la déchéance[[qui a duré 15 ans suivis de 30 ans d’enfermement]] de Camille, le rôle déterminant qu’a joué Paul, son frère, et la condamnation sans appel du corps médical. Un dénommé docteur Truelle écrira même «que la nommée Claudel Camille est atteinte de délire systématisé de persécution, basé principalement sur des interprétations et des fabulations ; idées vaniteuses et de satisfaction».

Elle accuse Rodin, le grand, le maître, de la persécuter et surtout de la spolier de ses oeuvre. Elle souffrirait de « délires paranoïaques ». S’appuyant sur des témoignages de l’époque, notamment des médecins, mais aussi sur les lettres de Camille, dont beaucoup ont pourtant disparu, sur l’histoire de sa famille, le récit de la maladie de l’artiste se matérialise, s’appréhende, se comprend peu à peu.

Au fil des pages se dessine une véritable enquête sur la femme, mais surtout sur la sculptrice, disciple de Rodin, toute dévouée à son art et à son maître. Pour lui, elle va endurer le pire. Son oeuvre L’Âge Mûr marque le point culminant de sa carrière et de sa santé. Rodin y est représenté, tiraillé entre l’amour de Camille et sa maîtresse Rose Beuret.

Au final, quel triste destin pour une artiste de si grand talent, nul ne sait les oeuvres qu’elle aurait pu produire si la maladie ne l’avait pas rattrapée, car maladie mentale il y a bien eu, c’est un fait avéré, Michel Deveaux le confirme. Traitée autrement, Camille aurait sans doute pu profiter d’une vie mieux remplie et plus conforme à son métier. Tragique destinée.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 124
Editeur : L’Harmattan
Sortie : 1er novembre 2012
Prix : 13,50 €