Présentation de l’éditeur
Johannes se destinait à autre chose qu’à cette vie fruste dans le village de ses ancêtres. Son grand-père, Johannes premier du nom, avait lui-même quitté Saint-Peter-sur-Anger pour aller étudier en ville – et observer le développement des vers solitaires ! –, avant de revenir et de s’établir comme médecin.
C’est ce dernier qui a communiqué à son petit-fils son goût du savoir et sa passion pour Hérodote, qui font de lui aussi un original dans ce microcosme alpin où lire est considéré comme hautement suspect. Ainsi, lorsque le jeune homme échoue au baccalauréat, quel drame ! Le voici condamné à rester parmi les » barbares « . Et il ne tarde pas à se faire embrigader dans l’un des événements majeurs de la localité : la venue d’un grand club de football hambourgeois…
Des dialogues savoureux, une langue inventive, tantôt désuète, tantôt moderne, des personnages hauts en couleur, un luxe de détails, de l’esprit, beaucoup d’esprit. Avec son premier roman, très remarqué au moment de sa parution, Vea Kaiser s’en est donné à cœur joie.
Avis de Olivier
ll faut bien admettre, que de prime abord, le titre ne signifie pas grand chose. Heureusement, pour nous, le sous-titre précise de manière lumineuse l’orientation de ce livre. Au-delà du fait indéniable de l’importance historique de ce (défunt) ver (soigneusement conservé dans un bocal d’alcool par ailleurs), il nous renseigne sur la méthodologie scientifique de ce livre.
Vea Kaiser nous offre ici une étude historique détaillée, et couvrant quatre générations, d’un village oublié de la haute vallée de l’Anger (si quelqu’un sait où cela se trouve, je suis preneur). Elle y présente une étude comparative brillante et éclairante entre les travaux d’Hérodote (comme vous ne l’avez jamais lu) et la vie des paysans de montagnes.
On y découvre, par exemple, comment le club des mères a renversé l’autorité ancestrale des quatre patriarches lors de la grande fête de football qui a vu l’équipe de Saint-Pierre affronter la prestigieuse équipe de Hambourg. Episode qui nous permet, par ailleurs, de comprendre la durabilité des mariages dans ce villages et la fabrication de bière artisanale. Ce livre a donc valeur de grand mythe identitaire et moral au côté des grandes épopées antiques, qui elles aussi ne sont pas toujours à prendre au premier degré.
Je termine en citant le dernier paragraphe de cet ouvrage, qui deviendra sans doute une référence littéraire et histoirique : « Ici sont exposées les recherches en cours de Johannes A. Irrwein. Il se livre à cette étude afin de sauver de l’oubli les nobles et remarquables actions des hommes, accomplies d’un côté par les civilisés, de l’autre par les barbares des montagnes. Voilà ce qu’il veut exposer ici et, surtout : pourquoi ils se sont fait la guerre et comment ils conclurent la paix. »
Fiche Technique
Forma : broché
Pages : 528
Editeur : Presses de la Cité
Sortie : 19 août 2015
Prix : 22 €