Alyah – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Il y a quelques années, je sortais dans la rue avec une étoile de David autour du cou. J étais fière de m appeler Esther Vidal et je ne baissais pas la voix pour dire mon nom. Nous n étions pas en danger dans la ville. Ni agressés à la sortie de l école, de la synagogue, ou chez soi. Traiter quelqu un de sale juif était un tabou. Je ne pensais pas qu il pût y avoir dans Paris des manifestations contre les juifs.
À vrai dire, je n aurais même pas imaginé que l on puisse entendre, lors d une manifestation, « À mort les juifs ».

L’histoire d’une femme, le destin d’un peuple : sur fond d antisémitisme et de retour de la haine, le nouveau roman d Éliette Abécassis se présente comme une double histoire d amour. Celle d Esther avec la France. Celle d Esther avec Julien, qui est écrivain. À travers une épopée personnelle et collective, qui la mènera sur le chemin de l’histoire de sa famille en France, la narratrice se pose la douloureuse question de devoir quitter son pays.
Un roman choc sur le syndrome d’une société qui sombre dans la barbarie.

Avis de Valérie

Bien qu’elle a débuté l’écriture de ce roman avant le drame du début de cette année, Eliette Abecassis a terminé Alyah comme possédée par un sentiment d’urgence. Urgence liée à son angoisse, mais aussi peut-être à ce tournant que pourrait prendre l’Histoire de France… encore !

Elle s’interroge sue la question que de nombreux Français de confession juive se posent : faut-il fuir avant les déchaînements de barbarie que les événements de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et les assassinats annexes laissent supposer ? Si les six millions de Juifs avaient pris la décision de partir (bien qu’il ne s’agissait pas alors d’aller en Palestine) auraient-ils été tous sauvés ?

L’Alyah est un mot hébreu qui symbolise l’ascension, l’élévation spirituelle qui accompagne le croyant de retour en Israël, la Terre Sainte. Comme le précise un personnage du roman, il ne devrait pas représenter la fuite en avant des populations persécutées, mais depuis plusieurs années où les actions antisémites contre le demi-million de Juifs français s’intensifient, et alors que l’opinion public ne réagit pas et laisse la montée de l’islamisme faire le reste, l’Alyah représenterait l’ultime refuge.

Eliette Abecassis possède ce pouvoir de faire grandir son lecteur… Enseignante, ([[en parlant de sa famille, page 92, « Nous avons voué notre vie à éveiller les consciences. L’enseignement chez nous est une mission, un sacerdoce, une seconde nature, un art particulier qui consiste à donner ce que nous n’avons pas, et à perpétuer la chaîne de l’éveil des consciences et du désir de savoir, d’extraire par la maïeutique, les idées vraies des esprits jeunes et donc malléables, de ne jamais renoncer, car notre credo est qu’il n’ya pas de mauvais élève… »]], elle transmet la connaissance pour éveiller les esprits des jeunes en donnant d’elle-même avec autant de grâce que de dévouement.

Son personnage d’Esther Vidal se confond avec elle, même si nous ne la connaissons pas, l’auteur lui donne tant de chair qu’elle nous apparaît vivante et vibrante. L’écrivaine convoque dans les pensées de son héroïne – avec une étonnante facilité – les grands penseurs d’avant ou de maintenant et livre une si belle réflexion sur elle et sur la France que souvent le lecteur est ému, voire jusqu’aux larmes. Elle instille dans ces pensées des moments de vie quotidienne, des rencontres, des relations éphémères ou éternelles. Et le tout offre un roman inclassable qui ne peut laisser personne insensible et fait réfléchir en élevant l’âme.

Notre conclusion est qu’il est tout bonnement intolérable que nous tous Français puissions laisser l’un des membres de notre corps se faire exclure, torturer, tuer sous nos yeux sans réagir sous le prétexte que la guerre règne dans un petit pays du moyen-orient alors qu’hypocritement les mêmes personnes ne se soucient pas des milliers de morts dans les pays environnants.

Nous avons la chance de vivre sous une République laïque qui permet à chaque citoyen de revendiquer sa religion sans que l’Etat s’en mêle, et qui a doté ses lois de protections pour aider les minorités. C’est à chacun de nous, quoi qu’on puisse penser par ailleurs, de protéger non seulement l’ensemble de nos minorités, mais également refuser l’installation de tout potentat nous divisant, quel qu’il soit.

L’Histoire se répète trop souvent pour qu’on n’en tienne pas compte. Le témoignage d’Eliette Abecassis ne devrait pas rester lettre morte, à nous tous d’y remédier !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 256
Editeur : Albin Michel
Collection : Littérature générale
Sortie : 13 mai 2015
Prix : 18 €