Alexia – Quand nous étions morts – Avis +

Présentation de l’éditeur

C’est l’histoire de Christian, un jeune Espagnol de 17 ans qui, en perdant son frère jumeau, a perdu le goût de vivre. La seule chose qu’il aime encore : errer dans les cimetières comme une âme en peine, de la musique classique plein les oreilles, en lisant les grands Romantiques.

Jusqu’au jour où il entend un chant étrange, comme venu d’outre-tombe, un chant féminin qui le touche au plus profond de son être. Un chant… ou peut-être un rêve ? Deux mois plus tard, il la rencontre enfin. Alexia. Un seul regard et, pour la seconde fois, sa vie bascule.

Écrivain, essayiste, traducteur et musicien espagnol, Francesc Miralles Contijoch est né à Barcelone le 27 août 1968. Sa Symphonie d’Einstein, écrite avec Alex Rovira, a été traduite dans dix langues.

Avis de lady Clare

Œuvre pour le moins inhabituelle dans le microcosme littéraire actuel, Alexia- Quand nous étions morts nous dépayse avec un étonnant voyage dans une Espagne à la fois moderne, romantique et gothique. Original et novateur, ce roman, destiné aux jeunes adultes, a tout pour plaire à un très large public.

D’emblée, le livre en tant qu’objet séduit. La première de couverture intrigue. Certaines pages sont illustrées par de délicats petits dessins qui semblent dialoguer avec nous pendant la lecture, comme autant de signes cabalistiques. Chaque nouveau chapitre s’ouvre avec une citation, issue des différentes sources d’inspiration de l’auteur. Le tout donne la sensation d’un roman fouillé, à l’écriture rigoureusement travaillée[[Saluons à juste titre l’excellente traduction de Anne Calmels]].

Visuel, sensoriel et aussi musical, le style de Francesc Miralles n’a aucune peine à nous faire entrer dans cet univers personnel, voire intime[[L’auteur a reconnu en interview être le modèle du personnage de Christian, Julian étant celui d’un cousin mort dont il était très proche]] et vraiment très singulier. L’auteur donne beaucoup de détails, beaucoup de descriptions, si bien que l’on ressent constamment les émotions et les sensations du héros à vif.

Pratiquement porté de façon permanente par une bande-son détonante qui nous trotte dans la tête, comme le héros, nous sommes quasiment poussés à aller écouter les musiques évoquées sur Youtube (qui vont de Siouxsie and the Banshees[[Le groupe à la chanteuse charismatique qui est à l’origine du mouvement punk]], en passant par Bauhaus[[Le premier groupe de rock gothique avec sa chanson emblématique Bela Lugosi’s dead]], jusqu’à David Bowie), le roman impose progressivement son étrange atmosphère.

Dans une petite ville, Teià, près de Barcelone, un jeune garçon de presque 17 ans, Christian, a perdu trois ans plus tôt son frère jumeau, Julian, dans un accident de moto. Il se sent responsable et considère qu’il est mort ce jour-là, avec son frère. Conséquence prévisible : l’éclatement de la famille. La mère n’a pas pu supporter la situation, elle est partie, laissant Christian se débrouiller tant bien que mal avec son père dépressif.

Seuls soulagements à sa tristesse, les œuvres de Lord Byron, la musique classique sur son Ipod et les balades dans le cimetière, qui le maintiennent à flot, qui lui font sentir que finalement, il n’est peut-être pas encore mort. Mais au fond, rien ne l’intéresse, même pas sa camarade de classe, la jolie Alba, qui ne demande pourtant pas mieux que d’être plus proche de lui.

Une rencontre va faire basculer sa vie sans possibilité de retour, mais cela il l’ignore encore quand il succombe au charme de la sublime et excentrique Alexia, croisée dans un cimetière. Elle fait partie d’un groupe secret, une sorte de confrérie, où l’on entre après épreuves, (que Christian passera haut la main), et l’on a alors l’honneur d’appartenir aux « Pâles ».

Personnages énigmatiques au look incontestablement gothique, ils sillonnent les cimetières pour converser la nuit avec les morts, dormant sur leurs tombes. Ils ne s’habillent que de noir, se maquillent le visage de blanc, les lèvres de mauve et portent à leur manteau une insolite fleur violette…

Nous n’en dévoilerons pas d’avantage car Alexia – Quand nous étions morts mérite d’être découvert avec la part de mystère qui l’entoure. Cependant, il est bon de savoir qu’une fois la lecture commencée, il sera dur de s’arrêter, ce roman étant de ceux que l’on aime dévorer d’une traite, en tressaillant, jusqu’à une heure avancée de la nuit…

Plus proche du thriller, avec coups de théâtre, suspense croissant et évolution inattendue des personnages, que du pur fantastique, le livre de Francesc Miralles possède toutes les qualités d’un roman culte. On pourrait simplement regretter que certains aspects, notamment vers la fin, n’aient pas été un peu plus développés.

Succès colossal dans son pays d’origine où le livre est devenu un véritable phénomène, on ne compte plus les ‘pèlerinages’ sur les lieux de l’action (en Espagne et même ailleurs en Europe), blogs, forums ou autres groupes Facebook sur le thème de Retrum (le titre original).

Les droits du roman viennent d’être achetés et vont faire l’objet d’une adaptation, dont on ne sait rien pour le moment sauf que le casting est en cours, mais qui est d’ores et déjà attendue plus qu’impatiemment par des hordes de fans ibériques.

Depuis sa parution en 2010, de nombreux lecteurs se sont demandé s’il y aurait une seconde partie à Retrum, la fin du roman le laissant supposer. Imaginée justement par l’auteur comme un diptyque, l’histoire de nos héros va se poursuivre dans La Nieve negra (Neige Noire), qui sort le 12 mai en Espagne, et très bientôt, on l’espère, en France…

Fiche technique

Format : broché
Editeur : Hachette Jeunesse
Collection : Black Moon
Pages : 384
Sortie : 11 mai 2011
Prix : 17 €