10 questions à Julie Cohen – VF

Julie Cohen est un tout jeune écrivain de romances, dont deux de ses écrits ont été traduits en français pour Harlequin (notamment en septembre dans la collection passion La maison des amants). Si ses histoires sont conformes à la loi du genre, cette jeune femme réussit à repousser les limites du livre sentimental, en modernisant, nuançant et intensifiant certains sentiments, tout en oubliant de placer une fin idyllique, donnant ainsi une autre tonalité à ses récits, pour notre plus grand plaisir. Il était, par conséquent, intéressant de lire les réactions d’une nouvelle venue dans ce milieu. Notre écrivain a accepté de répondre aux dix questions de Marnie (qui remercie une nouvelle fois la très précieuse Laetitia) et ce, chaleureusement, avec une spontanéité rafraîchissante !
questions et traductions de Marnie et Laetitia

Onirik : Comment avez-vous réussi à publier votre premier livre ?

Julie Cohen : J’ai toujours lu des romances Harlequin pour le plaisir, ainsi quand j’ai décidé de commencer à écrire, cela tombait sous le sens de tenter d’être publiée par Harlequin. J’ai écrit et terminé trois manuscrits, lesquels ont été rejetés (certains pas seulement une fois !). Mon quatrième (« Featured Attraction », publié en France sous le titre « brûlant face à face ») s’est retrouvé en final du concours « Romance Writers of America’s Golden Heart », qui est le plus célèbre des concours entre écrivains de romances non publiées. Deux mois après cela, j’étais sortie acheter des chocolats pour un dîner de fête, quand je suis revenue, il y avait un message sur mon téléphone d’un cadre des éditions Harlequin. Elle me disait qu’elle voulait acheter mon livre. Je me suis presque évanouie.

Onirik : Quels sont vos auteurs favoris ? Vous en inspirez-vous pour vos livres ?

J.C. : J’en ai trop pour les compter ! J’adore Marian Keyes, Jennifer Crusie, Susan Elizabeth Philipps, Rachel Gibson et Kathy Love (toutes des femmes écrivains de fiction) ; dans un autre genre, j’aime John Irving, Kurt Vonnegut, Margaret Atwood. Parce que j’étais diplômée de troisième cycle universitaire sur la romance victorienne, je suis fan de George Eliot, des sœurs Bronte, Thomas Hardy et Charles Dickens. Et parce que je suis du Maine, je lis tout ce qu’écrit Stephen King. J’ai toujours été inspirée par ce que je lis, que ce soit par ces auteurs ou d’autres.

Onirik : Lorsque vous écrivez vos intrigues, avez-vous vos propres critères ou limites ou est-ce que les maisons d’édition vous fixent des frontières à ne pas dépasser, ou des tabous ?

J.C. : J’ai été chanceuse d’être capable d’écrire ce que je voulais. C’est une de mes volontés, bien que je pense toujours aux souhaits des lecteurs quand je prépare une histoire. Pour une romance Harlequin, le récit est focalisé sur les relations romantiques entre le héros et l’héroïne ; pour mes autres éditeurs, je peux choisir des histoires qui ont plus de personnages et des intrigues quelque peu plus marrantes. Plus clairement, je ne peux pas faire débarquer des petits hommes verts en plein milieu de ma romance réaliste, mais pour les autres publications, je laisse mon imagination m’entraîner là ou elle le souhaite. Mes éditeurs me disent toujours d’écrire ce que je veux, et ils me guideront s’ils en éprouvent le besoin… ils ne l’ont pas fait jusqu’ici.

Onirik : Dans la maison des amants, vous évoquez l’incompréhension familiale. Le héros a un lourd passif avec son père, qui a abandonné les siens, et la jeune femme est en mésentente continuelle avec sa famille qui ne la comprend pas. Les rapports parents/enfants, est-ce un sujet qui vous tient à cœur ou la complexité des relations humaines qui vous intéresse ?

J.C. : Je n’avais pas l’intention spécifique d’explorer les rapports familiaux, mais je l’ai fait. Je suis intéressée de découvrir comment nos relations se forment et nous font évoluer, ou les motifs de notre conduite et ce que nous apportent nos autres relations. Pour toutes ces raisons, j’écris sur la mésentente avec le père, ce qui est ironique parce que le mien est génial. Je pense expérimenter les familles heureuses dans mes prochains bouquins, bien que ces familles sont moins intéressantes que celles qui sont malheureuses.

Onirik : J’ai été assez surprise de remarquer dans ce roman que votre récit contourne certains critères bien définis de la romance Harlequin. La parution de la double histoire m’a permis de comparer une trame très classique et votre œuvre. Le happy end est très nuancé (les conflits avec les parents ne sont pas résolus), les deux héros s’aiment mais restent hésitants, conscients que tout ne sera pas rose, et les scènes sexy sont résolument… sexy (vous évitez les métaphores d’usage). De quel style cherchez vous à vous rapprocher ou vous éloigner ?

J.C. : Je suis vraiment contente que vous ayez remarqué cela et aimiez la fin. J’ai trouvé au fur et à mesure que j’écris de plus en plus, j’apprécie les fins qui sont satisfaisantes, mais qui ne répondent pas entièrement à toutes les questions que l’on se pose. Dans « la maison des amants, je croyais que je laissais entendre que Nick et son père allaient se réconcilier. L’aspect important, était que Nick comprenait comment supporter et passer par-dessus sa propre colère contre son père. Je ne sais pas si Zoe aura de meilleures relations avec sa famille, mais Nick comprend que ces gens aiment la jeune femme, et ce sentiment aidera probablement Zoe dans l’avenir. Ils devront travailler tous les deux à faire évoluer leurs relations, mais c’est exactement ce qui se passe normalement dans vie, n’est-ce pas ?

J’écris un genre d’histoires qui me tentent moi, dans un style qui me vient naturellement. J’aime les conflits complexes, réalistes, et les caractères attachants, le sexe coquin, de l’humour et du bonheur, sans que tout cela soit si formaté au final. J’adore les romances traditionnelles et j’en ai lu toute ma vie, bien que j’essaye d’apporter à mes propres romances la petite tournure qui m’intéresse.

Onirik: Qu’est-ce que vos héros masculins ont en commun, à part ressembler à des acteurs totalement craquants comme vous semblez (moi également) les adorer ?

J.C. : Ils ont tous le sens de l’humour, ils sont tous formidables, et ils ont tous le sens de l’honneur (même s’ils le savent ou non). J’ai totalement axé à quoi ils ressemblent sur mes acteurs favoris, ce qui me donne une excuse pour regarder des tonnes de photographies !

Onirik : Comme Janet Evanovich, Nora Roberts, Sandra Brown, Tami Hoag, Janet Dailey, Iris Johansen, Linda Howard, Jayne Ann Krentz, cherchez-vous à faire évoluer vos romans vers d’autres genres (thrillers etc….) ou vous sentez-vous à l’aise dans le format qui vous est imposé par les collections ?

J.C. : J’aime écrire de courtes romances pour Harlequin, mais j’écris aussi des comédies romantiques plus longues pour les éditions Headline’s Little Black Dress (la première sera publiée en France par Presse de la Cité). Je pense que j’écrirai toujours des histoires d’amour, mais je vois mes récits écrits de plus en plus dans l’air du temps, avec un peu de chance plus longs et plus complexes. Je veux être capable d’explorer toute une gamme d’émotions et d’expériences.

Onirik : Vous faites paraître seulement depuis deux ans vos livres, avez-vous une ambition particulière ou vous laissez votre inspiration en tant qu’écrivain guider votre carrière ?

J.C. : Je ne suis pas publiée depuis très longtemps, mais ma huitième nouvelle sur laquelle j’ai travaillé dur, va être bientôt éditée ! J’espère que je serai encore capable d’écrire le genre d’histoires que j’adore, et approfondirai de plus en plus mes connaissances sur l’écriture pour que mes récits soient meilleurs. Oh et cela ne me dérangerai pas d’écrire un best-seller, bien évidemment.

Onirik: Je pense que toutes les histoires ont été maintes fois écrites mais que c’est le style qui fait la différence. Comment définissez vous le votre ?

J.C. : Sexy, amusant et plein d’émotions. Et on peut souvent y trouver un oiseau quelque part. (allusion à la fameuse chanson de Judy Garland « over the raimbow” (Somewhere over the rainbow, Bluebirds fly, Birds fly over the rainbow, Why then, oh why can’t I? quelque part derrière l’arc-en-ciel, les oiseaux volent, les oiseaux volent derrière l’arc-en-ciel, pourquoi, oui, pourquoi moi, je ne peux pas ?)

Onirik : Avez-vous des révélations à nous faire sur votre prochain roman qui paraîtra en France ?

J.C. : Les Presses de la Cité ont acheté les droits de ma nouvelle, Spirit Willing, Flesh Weak, même si je ne suis pas certaine de la date de la parution et de la traduction du titre. C’est une comédie romantique qui prouve que la poursuite de l’amour vrai n’est jamais prévisible.

C’est l’histoire de Rosie Fox, une fausse medium qui accidentellement fait une vraie prédiction. Elle est catapultée dans une frénésie médiatique, conduite par le séduisant Harry Blake, un reporter discrédité qui a la réputation de dénoncer les fraudes. Elle pense qu’elle peut le duper… mais ne fait-elle pas une grosse erreur ?